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Zéro Déchet

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S’expatrier à Abidjan : que mettre dans ses valises (et son conteneur)

Vous êtes sur le point de vous expatrier à Abidjan d’ici quelques semaines ? Vous êtes en train de jongler entre ce que vous mettez dans votre conteneur, votre garde-meubles et vos valises ? Vous vous demandez ce que vous devez impérativement emporter ou au contraire laisser au pays ? Cet article est pour vous !

Valises Abidjan

Les personnes s’installant à Abidjan qui ont connu la ville il y a 20 ans ou ont vécu dans une autre métropole d’Afrique de l’Ouest vous le diront : aujourd’hui, on trouve vraiment TOUT à Babi.

Enfin presque tout. Certains produits « de niche » sont difficiles, voire impossibles, à trouver. Si vous avez une passion pour la peinture par exemple, vous aurez du mal à dénicher le matériel dont vous avez besoin. Si vous jouez d’un instrument de musique, vous aurez aussi du mal à trouver des partitions. Même chose pour certains équipements sportifs, matériels de couture, …

Au delà de ces « niches » et de ces quelques produits introuvables, la vie est chère à Abidjan. Les produits manufacturés sont quasiment tous importés donc bien plus onéreux qu’en France ou dans les pays où ils sont produits. Il est donc parfois bien pratique de pouvoir les ramener de France ou d’ailleurs.

Enfin, quelques documents officiels, indispensables pour établir vos formalités administratives, sont compliqués à obtenir une fois en Côte d’Ivoire – notamment car la Poste fonctionne sporadiquement ici (euphémisme signifiant pas du tout).

Fort de tout cela, j’ai tenté de dresser une liste des « indispensables » à se procurer avant de s’expatrier à Abidjan (et j’en profite pour remercier les membres du groupe Facebook Abidjan Les Copines pour leur aide)

 

Avant de commencer, quelques précisions :

 

  • Le but de cette liste n’est pas de vous inciter à sur-acheter avant de partir. Au contraire !! Elle a pour but de vous aider à bien préparer votre départ. Et de vous donner des conseils pratiques afin d’éviter de vous encombrer avec des choses que vous trouverez facilement à Abidjan et à l’inverse de mettre dans vos bagages de vrais « indispensables ». Avant de m’expatrier à Abidjan, j’avais littéralement dévalisé une pharmacie car j’avais eu peur de ne pas pouvoir me soigner en Côte d’Ivoire. Je me suis encombrée de médicaments que je n’ai jamais utilisés et que j’aurais pu acheter sur place. Un beau gâchis 🙁

 

  • Dans cette liste, il n’est aucunement question de « survie ». En dehors des moustiquaires et évidemment des traitements médicaux à prendre régulièrement, les éléments que j’ai recensés relèvent du confort – financier ou matériel. Si certains produits vous manquent, ça fait partie du jeu de l’expatriation et vous vous en passerez. Ou vous trouverez comment les remplacer astucieusement.

 

  • Vivre dans un pays où les produits manufacturés sont chers est une formidable opportunité de changer ses habitudes de consommation : consommer moins de produits industriels et privilégier les produits artisanaux, les produits locaux et le fait-maison ! C’est ce que je vous invite vraiment à faire une fois que vous aurez « atterri » et pris vos marques en Côte d’Ivoire.

 

  • Enfin, dans un monde plus que jamais submergé de plastiques, il devient vital de réduire drastiquement sa production de déchets, en particulier en Afrique où la collecte est imparfaite, le tri et le recyclage quasi inexistants. Cette liste a donc aussi pour objet de mettre en exergue des « incontournables » pour vous aider à faire des économies, une fois sur place, mais aussi produire moins de déchets plastiques. D’une pierre deux coups.

 

 

Documents administratifs 

Je vous recommande de faire faire avant de partir :

  • Un extrait d’acte de naissance pour chaque membre de la famille.
  • Un extrait de casier judiciaire pour les personnes majeures, nécessaire pour obtenir le permis de conduire ivoirien. D’ailleurs, vous pouvez lire le récit de mon aventure pour obtenir ce fameux permis de conduire.
  • Un certificat de groupe sanguin pour les enfants (réclamé par les écoles) et les adultes (pour le permis de conduire également).

Pour préparer votre grand départ et connaître toutes les formalités à mener, je vous invite également à lire mon article « Préparer un voyage en Côte d’Ivoire« .

 

Hygiène, santé et paludisme 

 

Prendre soin de soi

A mettre dans la valise :

  • De la crème solaire respectueuse de l’environnement et qui ne va pas polluer (encore plus) l’océan. Ci-après quelques marques recommandées : EQ Evoa, Alphanova, Laboratoires de Biarritz, Seventyo One Percent, Niu and You. Dans le même ordre idée, des t-shirt anti-UV de bonne qualité car vous serez toute l’année exposés au soleil.
  • Du dentifrice BIO pour enfants.
  • Si vous êtes habitués à certaines marques cosmétiques, votre petit stock de produits de beauté, crèmes de soins et parfums.
  • Des lentilles de contact. Personnellement, je porte des lentilles journalières et je n’en trouve pas à Abidjan. Cela inclut également le produit d’entretien.

Toutes les grandes marques de parapharmacie (Avène, Nuxe, Bioderma, La Roche-Posay…) sont disponibles localement (mais toujours plus chères qu’en France). A noter également qu’il existe à Abidjan de très bons produits naturels fabriqués à partir d’ingrédients locaux (huile de coco, beurre de karité…). Une entreprise organise même des ateliers pour fabriquer ses produits cosmétiques maison. L’occasion peut-être de changer d’habitudes et d’adopter des gestes beautés plus écologiques.

Crème de Soin

Se soigner

  • Médicaments : pas besoin d’arriver avec votre trousse à pharmacie remplie à craquer comme si vous partiez vivre un an dans la brousse. Il y a des pharmacies partout à Abidjan et l’on trouve tous les médicaments de base. Deux choses que je recommande toutefois d’acheter : du Doliprane pour enfant en sirop ainsi que des compléments alimentaires à base de microbiotiques.
  • Si vous suivez un traitement régulier, il est préférable d’arriver avec quelques boîtes d’avance car si vos médicaments ne sont pas disponibles, les délais de commande peuvent être parfois très looooongs.
  • N’oubliez pas de souscrire une assurance santé (si ce n’est pas inclus dans votre contrat de travail) ainsi qu’une assurance rapatriement au cas où …

 

Se protéger du paludisme

  • Des moustiquaires pour vos lits : l’incontournable pour lutter contre le paludisme. On en trouve parfois à Abidjan (chez Orca Déco pour ne pas le citer) mais la qualité n’est pas excellente, et il y a peu de choix en terme de tailles.
  • Des moustiquaires pop-up également pour les voyages.
  • Du répulsif pour bébé.

Tout le reste du « kit anti-palu » est disponible à Abidjan, notamment les répulsifs enfants/adultes, les tests de goutte épaisse et les traitements médicaux. Pour en savoir plus, je vous recommande de suivre la page Facebook de Focus Tropic, une association qui fait de la prévention dans le domaine des maladies tropicales.

 

 

Livres et fournitures scolaires

  • Des livres : il y a quelques librairies à Abidjan mais la sélection est réduite. En même temps, il est difficile de débarquer avec des dizaines de livres dans sa valise (mieux vaut garder de la place pour les bonnes bouteilles de vin, le foie gras et le saucisson). C’est pourquoi je lis désormais exclusivement sur mon Kindle. Et pour les enfants, je trouve mon bonheur entre la FNAC, l’abonnement à l’Ecole des Loisirs et Bayard Afrique. Et j’en ramène quand je rentre pendant l’été.
  • Les manuels scolaires : des bourses aux livres sont organisées dans certaines écoles fin Août pour vendre/acheter d’occasion. Mais la première année, mieux vaut acheter les manuels en France. Sinon il faut passer commande à la Librairie de France et les délais de livraison sont longs, voire incertains …
  • Les fournitures scolaires : on trouve presque tout mais, comme toujours, en plus cher. D’aucuns disent qu’il est difficile de se procurer des copies doubles perforées en cours d’année scolaire. Mes enfants n’en utilisent pas encore donc je ne peux ni confirmer ni infirmer. Je fais juste passer le message ! A vous de voir si vous préférez remplir le cartable avant de partir et faire aussi quelques stocks de stylos, crayons, feutres … ou si vous ferez vos achats localement avant la rentrée. Si vous cherchez des produits écolo, j’ai découvert un site très intéressant fait par des profs pour des profs mais utile aussi pour les parents et qui propose des alternatives aux produits plastiques et toxiques : https://profsentransition.com/wp-content/uploads/2019/05/Cartable_vert_2019.pdf

 

Fournitures scolaires

Ustensiles de cuisine, nourriture et boissons

Les denrées alimentaires ne font pas exception. On trouve quasiment tout à Abidjan, entre Carrefour, Casino, Super U et l’Epicerie (une épicerie fine qui propose des produits français, italiens, grecs,…) mais les prix peuvent être assez prohibitifs. Alors en attendant de faire évoluer vos habitudes alimentaires, il est très utile de posséder :

  • Une yaourtière : les 4 pots de yaourts La Laitière coûtent 9€. Un produit de luxe !! Donc si vous adorez les yaourts, passez au fait-maison.
  • Une cafetière traditionnelle (pour café moulu) et un moulin à grains pour éviter d’acheter des dosettes polluantes, mauvaises pour la santé et de surcroît hyper chères.
  • Une centrifugeuse pour faire des jus de fruits tropicaux. Un vrai délice et moins cher que les jus de fruits industriels.
  • Une machine à pain : même s’il y a beaucoup de boulangeries, il faut parfois faire beaucoup de kilomètres pour juste acheter une baguette. De plus, devinez quoi ? Les produits industriels (pain de mie, brioche) sont très chers!
  • Une machine Sodastream pour fabriquer votre propre eau gazeuse (les recharges de gaz sont en vente à Super U).

 

Tous les produits électro-ménagers se trouvent à Abidjan sauf le cultissime Thermomix. Si vous être accroc à votre robot, pensez à l’amener en prenant soin de l’emballer très très précautionneusement. Si vous y tenez comme à la prunelle de vos yeux, laissez-le chez vous. De notre côté, nous avons emmené notre inséparable appareil à raclettes … je ne vous cache pas qu’on ne s’en sert pas très souvent !

 

Et juste pour le plaisir, vous pouvez aussi glisser dans la valise :

  • Du thé et du café : les « théophiles » vous diront qu’on ne trouve pas de bons thés à Abidjan. Quant au café en grains, c’est la même histoire car le café produit en Côte d’Ivoire est du Robusta au goût fort et amer (personnellement, il me donne la migraine).
  • Quelques bonnes bouteilles de vin même s’il existe plusieurs cavistes sur Abidjan, elles seront toujours utiles.
  • Du foie gras : juste parce que c’est bon.

Thé

 

Divers objets du quotidien

  • Des bottes de pluie : très pratiques en saison des pluies. Il y en a à Abidjan mais quand viennent les fortes pluies, elles partent comme des petits pains.
  • Un Kway : idem, très pratique en mai/juin notamment.
  • Des chaussures pour les enfants (tennis, tongs, Birkenstocks, Crocs) : j’ai deux garçons et j’ai du mal à leur trouver des chaussures sympas à Abidjan, surtout des tennis. Sachant que c’est tout ce qu’ils portent aux pieds, en plus des tongs, je m’approvisionne donc en France. Il n’y a pas non plus un choix dingue en matières de vêtement mais dans la mesure où ils portent short + t-shirt toute l’année, on se débrouille avec Kiabi, Décathlon et quelques petits boutiques indépendantes.
  • Pour les adultes aussi, le choix de vêtements et chaussures est limité. Mais puisqu’il fait chaud toute l’année, une garde-robe légère et basique (t-shirts, shorts, jupes, robes, pantalons et t-shirts manches longues pour se protéger des moustiques) suffit. Ne vous encombrez pas de pulls ou de manteaux, ils ne servent à rien ! Très vite, vous risquez de devenir mordu de pagnes, et comme tout le monde, vous irez acheter vos propres tissus pour faire faire des vêtements personnalisés à des couturiers ivoiriens.
  • Des cartouches d’imprimante : on en trouve à la FNAC mais tous les modèles ne sont pas disponibles.
Bottes de pluie

Des bottes de pluie pour toute la famille, un basique à Abidjan !

 

Tous Zéro Déchet …

En janvier 2019, j’ai co-fondé avec 5 amies « Les Fourmis Vertes de Babi », une association qui promeut le « zéro déchet ». Nous organisons notamment des ateliers ZD pour apprendre à fabriquer des produits ménagers maison. Nos recettes se réalisent essentiellement avec des produits locaux. Néanmoins certains restent encore introuvables à Babi. Alors si vous aussi, vous êtes dans cette démarche – ou voulez vous y mettre – voilà ce que vous devez mettre dans vos bagages :

  • Du véritable savon de Marseille. On trouve de très bons savons artisanaux à Abidjan, également des savons avec ou sans glycérine. Mais pas le vrai de vrai c’est-à-dire celui produit par les 4 savonneries : Marius Fabre, Fer à Cheval, le Sérail et la Savonnerie du Midi !!! Très utile pour fabriquer sa lessive et son liquide vaisselle.
  • Du permanganate de potassium, actif blanchissant utilisé pour fabriquer de la lessive pour le linge blanc.
  • De l’acide citrique (on en trouve de temps en temps mais la filière d’achat n’est pas encore bien claire …) pour fabriquer des dosettes pour lave-vaisselle et toilettes.
  • De la terre de Diatomée pour absorber les mauvaises odeurs et nettoyer les litières des animaux. C’est aussi un insecticide naturel pratique pour chasser les (nombreuses) petites bêtes dans la maison.

 

Produits ménagers fait-maison

 

Notre association fait  également la promotion des alternatives au plastique (car les rues de la ville et de la lagune Ebrié en sont gavés). Malheureusement aussi, certaines de ces alternatives ne sont pas encore trouvables à Abidjan. Vous pouvez donc vous équiper en :

  • Pailles en bambou ou en métal pour remplacer les horribles pailles en plastique !! On en trouve de temps en temps en métal à la Maison des Chefs mais les stocks s’épuisent vite (car les hôtels et restaurants locaux commencent à s’équiper aussi).
  • Des Oriculi pour remplacer les cotons tiges.
  • Des gourdes en inox pour limiter la consommation de bouteilles en plastique. Et vu la chaleur ici, au minimum une gourde par personne n’est pas de trop. Très bel article à ce sujet  ici.
  • Et surtout un filtre à eau pour consommer directement et en toute sécurité l’eau du robinet, et une fois encore éviter d’avoir à acheter des bouteilles ou des bonbonnes en plastique. Vous pouvez aussi utiliser des perles en céramique comme celles des Verts Moutons par exemple : https://www.lesvertsmoutons.com/nos-produits

 

Pour le reste, les Fourmis Vertes et leurs partenaires proposent à la vente de nombreux produits permettant de réduire sa consommation de plastique  (sacs à fruits et légumes, tawashi, beewraps, cotons à démaquiller en tissu, dentifrice et shampoing solide…). Si cela vous intéresse, vous pouvez rejoindre dès maintenant les Fourmis Vertes de Babi (n’oubliez pas de répondre aux questions pour adhérer au groupe!).

 

 

Voilà, ma liste des (presque) indispensables se termine là. Elle n’est pas exhaustive et j’ai sûrement oublié des choses. Le cas échéant, n’hésitez pas à me faire part de vos suggestions en commentaires.

 

Quant à vous, futurs expat’ Abidjanais, j’espère que cette liste vous sera utile !!! En attendant de pouvoir vous souhaiter Akwaba (pour tout savoir sur le « bonne arrivée » ivoirien, c’est ici), et si vous avez d’autres interrogations avant de vous expatrier à Abidjan, écrivez-moi et je me ferai un plaisir de vous aider.

 

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Installation Pinterest

Installation Pinterest 2

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Comment je suis devenue une Fourmi Verte de Babi …

Ceci est un article assez personnel dans lequel il ne sera, pour une fois, pas question de voyage. Enfin si, un peu quand même, d’une sorte de voyage intérieur que j’ai entrepris il y a longtemps sans m’en rendre vraiment compte et qui m’amène aujourd’hui à être une écolo un peu plus consciente et engagée. Il était temps …

Je vais donc vous parler d’environnement, de planète, de bio, de recyclage mais aussi de déchets plastiques, de pollution, de déforestation et enfin surtout de petits gestes, de rencontres, d’idées, de travail en équipe et d’actions collectives.

Autrement dit, je vais vous expliquer comment et pourquoi je suis devenue une Fourmi Verte de Babi et surtout faire la promotion de cette géniale association ☺

Pour commencer, petit retour en arrière dans ma vie d’avant Abidjan. A cette époque pas si lointaine (environ 2 ans), je ne dirais pas que je me fichais totalement de l’environnement mais presque.

Comme presque tout le monde en France, ma petite conscience écolo m’amenait à :

  • trier consciencieusement mes déchets (même si à Marseille, cela relevait vraiment du parcours du combattant de trouver des poubelles de tri),
  • donner ou vendre les objets que je n’utilisais plus,
  • acheter de temps en temps en seconde main (merci eBay, mon cher ancien employeur, qui m’a ouvert à ce « mode de consommation »),
  • acheter de temps en temps dans l’épicerie vrac du quartier,
  • manger local et de saison.

J’avais aussi acheté le livre « Famille Zéro Déchet » pour essayer de produire moins de déchets. Je l’avais feuilleté quelques minutes avant de le ranger dans la bibliothèque en me disant que tout cela avait l’air bien compliqué à mettre en œuvre …

Famille_zero_dechet

Bref, pas de quoi casser 3 pattes à un canard. J’avais la flemme de changer mes habitudes de consommation et la trouille à l’idée de consommer moins.

Et puis en septembre 2017, je me suis installée à Abidjan. Ma prise de conscience ne s’est pas opérée tout de suite. Quoi que. La première fois que j’ai traversé la lagune en bateau pour me rendre sur l’île Boulay, j’ai flippé.

Quand vous vivez dans une grande métropole africaine, difficile de fermer les yeux et de rester les bras croisés sans rien faire. Les déchets sont partout, devant votre maison, dans la rue, dans les caniveaux, dans la lagune, sur la plage, dans l’océan. Ils ne sont pas collectés et encore moins recyclés (ou très peu). Je reconnais, c’est un peu l’envers du décor, ce que je ne vous montre pas sur mon compte Instagram …

Déchets Abidjan

Source : page Facebook de OJSP ONG

 

Alors, il n’est plus possible de se cacher derrière les jolies poubelles de tri jaunes, vertes et bleues pour se dédouaner d’avoir produit 20kg de déchets en une semaine. « Bah c’est pas grave, tout cela va être recyclé et réutilisé … » ne fonctionne plus.

A Abidjan, au mieux vos déchets vont se retrouver dans la décharge d’Akouédo. Au pire, ils vont aller nourrir les poissons de la lagune Ebrié puis de l’océan Atlantique.

Petit à petit je me suis dis qu’il fallait que je commence réellement à produire moins de déchets, trouver des filières de recyclage (parce qu’évidemment, pas de tri à Abidjan), pourquoi pas m’investir dans une association en faveur de l’environnement.

Finalement, la magie de l’expatriation a opéré. J’ai fait de belles rencontres qui en ont entrainé d’autres et un beau jour, une amie m’a proposé de me joindre à un déjeuner pour parler environnement. Alors que je pensais participer à une réunion sur le recyclage des bouteilles plastiques, je me suis retrouvée embarquée dans une toute autre aventure !

En l’espace de deux heures, 4 filles qui se connaissaient à peine, ont décidé de créer une association qui allait devenir « Les Fourmis Vertes de Babi » et de mettre en place des ateliers Zéro Déchet. Très vite rejointes par deux autres super professionnelles du ZD. Notre projet a démarré rapidement et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous avions déjà 200 abonnés sur notre groupe Facebook. Ce n’est qu’un début mais c’est encourageant et très enthousiasmant d’échanger avec autant de personnes soucieuses de moins consommer, mieux consommer et de s’engager pour la planète.

A titre personnel, les Fourmis Vertes de Babi m’ont dors et déjà transformée. Désormais, je fabrique ma lessive, mon adoucissant, mon liquide vaisselle et mes tawashi. J’ai banni le film plastique, les pailles en plastique, les gels douches, les cotons tiges et les cotons à démaquiller jetables. J’ai acheté des brosses à dent en bambou pour toute la famille et des lingettes démaquillantes en tissus lavable. J’achète des savons et de l’huile de coco produits localement. J’ai troqué mes vieux Tupperware contre des contenants en verre (je ne les ai pas jetés pour autant mais ils ne servent plus pour l’alimentaire). Et je garde désormais tous mes bocaux vides (j’ai une super collection qui fait halluciner mon mari). J’emballe mes cadeaux avec du pagne selon la méthode japonaise du « furoshiki ». J’essaye, autant que possible, de remplacer les gâteaux industriels par des gâteaux fait maison et de manger moins de viande. Je réfléchis à deux voire trois fois avant d’acheter quelque chose (est-ce vraiment vraiment utile ?). Et je fuis le plastique, surtout celui à usage unique. Bientôt, je vais acheter un filtre à eau afin de me débarrasser de mes bidons d’eau filtrée…

Ateliers ZD

Parfois, je l’avoue, mon cher et tendre me prend un peu pour une cinglée mais j’assume !!! J’assume aussi d’être totalement imparfaite dans ma démarche. Je circule en voiture à Abidjan (ceci dit, je n’ai pas d’autres alternatives ici), j’utilise la clim’ à la maison (il fait si chaud ici …), j’achète des produits bio importés, je prend l’avion plusieurs fois par an et j’en passe …

Donc loin de moi l’idée de tirer une quelconque fierté de tout ce que je fais. Bien au contraire. J’avais juste envie de raconter mon début de métamorphose …

Ma motivation dans tout cela : mes enfants bien sûr. Ils sont dès leur plus jeune âge confrontés à cette nécessité de changer radicalement de mode de vie. Je me dois de les préparer progressivement à ce changement et de leur transmettre un autre modèle.

De plus, je vis dans un pays en développement vulnérable aux conséquences du réchauffement climatique. Alors que les pays riches sont responsables de 90% des émissions de gaz à effet de serre (voire plus ?), ce sont les pays les plus pauvres qui vont en subir les conséquences. Regardez ce qu’il s’est passé récemment au Mozambique suite au passage du cyclone Idai… Alors je ne compte pas changer le monde avec mes petites pattes de fourmis mais je peux bien faire un effort pour réduire mon empreinte écologique dans mon pays d’accueil. Et si en plus, je peux inspirer et convertir d’autres personnes, c’est encore mieux.

Concernant la Côte d’Ivoire, pour ne citer que 3 fléaux, ce pays est particulièrement touchée par l’érosion de son littoral qui met en péril les populations côtières (cf mon article sur Grand-Lahou ici), la déforestation et le recul de la biodiversité. Et bien sûr la pollution en tout genre.

Les Fourmis Vertes de Babi ne vont pas régler tous ces problèmes, loin de là. Et fort heureusement, bien d’autres associations et institutions sont impliquées sur ces différents sujets. Notre impact est même encore très très limité. Notre objectif est de « créer une communauté éco-responsable d’hommes et femmes soucieux de produire moins de déchets ». Avec nos ateliers Zéro Déchet, nous invitons cette communauté à changer ses habitudes de consommation. Certes, il ne s’agit que de « petits gestes » du quotidien mais pour moi, ces gestes sont essentiels.

Si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quoique ce soit, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre.

Ce n’est pas de moi mais de Betty Reese ?!!

Et si en plus ce moustique est ivoirien, imaginez un peu ce que ça peut donner …

Notre projet se construit et se développe pas à pas, au fil de nos « réunions du lundi ». Parfois ça part dans tous les sens, ça s’emballe, ça s’enflamme. Et même si, en tant que « chef de projet » et « maître du temps », je suis souvent l’empêcheuse de tourner en rond qui recentre les discussions, je trouve ça génial. Car les Fourmis, c’est avant tout une aventure humaine comme dirait l’autre …

Cette aventure est d’autant plus passionnante qu’elle est universelle. Dans l’absolu, elle transcende les genres, les ethnies, les nationalités, les couleurs de peau. Elle nous mobilise en tant que « terriens » et non pas en tant qu’ «expatrié » ou « local ». Même si à ce stade, elle n’est pas totalement inclusive, j’espère qu’elle le deviendra.

Mes cinq autres comparses, à l’origine de ce projet, fourmillent d’idées. De la vente de produits en vrac aux projets sociaux pour fabriquer des objets durables en passant par les opérations de sensibilisation, on ne s’ennuie pas. On ne se sait pas toujours trop où on va mais on y va.

Je n’aurais jamais été capable de me lancer seule alors je profite aussi de cette petite tribune pour remercier ces super fourmis que sont Zineb, Barbara, Clémence, Noreen et Angela.

Mais ne vous fiez pas aux apparences, notre groupe n’est pas réservé aux femmes. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues 😉

Merci également à l’Afrique qui m’a ouvert les yeux et a bouleversé ma vie.

(Imaginez le jour où je vais gagner une vraie récompense, je vais me surpasser pour les remerciements, les Oscar à côté, ça sera de la rigolade !!!).

Bon allez, je crois qu’il est temps que je trouve une conclusion à cet article. Et en toute modestie, je vais laisser le soin à Victor Hugo de la faire :

« Rien ne résiste à un acharnement de fourmi », Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer.

 

Si les Fourmis Vertes de Babi vous intéressent et si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez :

 

A bientôt !

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