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5 In Afrique/ Bénin

Road-trip en famille au Bénin

Voici mon premier article-fleuve pour vous raconter tout de notre périple béninois en famille . J’ai vraiment eu un coup de cœur pour ce pays dont je ne cesse depuis de faire la promotion. Si vous vous demandez pourquoi, vous pouvez également lire mon article sur les 10 excellentes raisons de visiter le Bénin (qui est plus court !).

Le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest niché entre le Togo à l’ouest, le Burkina Faso et le Niger au nord et le Nigéria à l’est. Il est le berceau du vaudou, territoire de l’ancien royaume de Dahomey et terre d’accueil des derniers lions d’Afrique de l’Ouest. De Porto-Novo à l’est à Grand-Popo à l’ouest, de Ouidah au sud à la Pendjari au nord, nous avons quadrillé le pays pendant 12 jours et découvert une nature et une culture fascinante. En route pour 1500 km d’aventures.

 

J1 : Cotonou et la Route des Pêches

Arrivée à Cotonou en milieu d’après-midi. Nous faisons connaissance avec notre guide Sanny qui nous accueille à l’aéroport avec la voiture de location. En l’espace de 15 minutes, nous passons la sécurité, récupérons nos valises, et quittons l’aéroport. Waouhhhh, ça change d’Abidjan !!!
Nous nous installons dans notre petit hôtel « La Villa Canyela« , dans le quartier de Fidjérossé, qui est proche de l’aéroport et des plages.
A peine le temps de poser les valises, nous partons découvrir la Route des Pêches. Nous faisons un stop au « Coco Beach » pour déguster notre première Béninoise, bière locale au goût mielleux. Le lieu est désert mais est paraît-il bondé durant le week-end lorsque les habitants de Cotonou envahissant les plages. Des plages immenses à perte de vue et des vagues tout aussi déchaînées qu’à Bassam ou Assinie, en Côte d’Ivoire. Nous sommes bien toujours sur le Golfe de Guinée !
Une fois le soleil couché, et les moustiques prêts à attaquer, nous quittons l’océan pour aller dîner au Lieu Unique, un restaurant trendy réputé pour sa cuisine et ses concerts live.

Route des Pêches Bénin

J2 : Cotonou – Ouidah, capitale du Vaudou (1h30 de route)

Nous partons dès le matin pour Ouidah. Il y a deux options pour s’y rendre : la route nationale, bien bitumée, et la Route des Pêches en sable. Nous empruntons la Route des Pêches qui est en soi un lieu à découvrir.Cette route longe l’océan Atlantique de Cotonou jusqu’à la frontière du Togo. Au sud, les déferlantes du Golfe de Guinée, de vastes étendues de sable fin jonchées de pirogues qu’on dirait laissées à l’abandon et des petits villages en enfilade qui grouillent de vie. A l’est, la lagune et sa végétation luxuriante, cocotiers, cactus et autres arbres tropicaux.
Sur les premiers kilomètres, en quittant Cotonou, les paillotes, fabriquées à partir de branches de palme, défilent. Des paillotes apparemment en sursis car le Président Patrice Talon compte les détruire pour les remplacer par de grands hôtels. Le Club Med va paraît-il bientôt s’y installer. En attendant, la route est encore vierge de toute construction verticale en béton. Donc c’est bel et bien encore la route des pêcheurs béninois qui, chaque jour, affrontent la barre avec leur pirogue ou s’épuisent à sortir leurs immenses filets de l’eau, joignant leurs forces, les uns derrière les autres, pour récupérer leur butin. Sur le bord de la route, les chèvres, poules et cochons déambulent en toute décontraction. Les enfants nous font des signes joyeux et les adultes nous regardent avec curiosité. La piste en terre est souvent cabossée mais parfaitement praticable avec des enfants.

Route des Pêches Bénin

Arrivés à Ouidah, nous enchaînons les visites tant il y a à voir : le Temple des Pythons, la basilique de l’Immaculée Conception, le musée d’art contemporain de la Fondation Zinsou (où nous déjeunons) et pour finir le Fort Portugais. Je vous raconte tout cela en détail dans mon article sur les 5 incontournables à visiter à Ouidah.

Les enfants ne sont pas mécontents de rejoindre l’hôtel, la Casa del Papa, situé un peu à l’extérieur de Ouidah en poursuivant vers l’ouest, et de faire une pause ! Détente et baignade closent notre journée.

 

J3 : Ouidah et la Route des Esclaves – Possotomé – Grand-Popo (2h de route)

 

Cette 2ème journée à Ouidah est consacrée à la visite de l’incroyable Route des Esclaves présentée en détail dans cet article.

Route des Esclaves Ouidah BéninEnsuite, nous prenons la route pour Possotomé, petite bourgade installée sur la rive nord-ouest du lac Ahémé, connue pour sa source d’eau naturelle. Une fontaine publique, ouverte à tous, coule en permanence. Il suffit de venir avec ses bouteilles et bidons pour faire le plein. Un peu plus loin, l’usine d’embouteillage produit l’eau minérale de Possotomé.
Le lac Ahémé est un site phare de la culture vaudou. Des manifestations y sont souvent organisées. Il est aussi possible d’y naviguer pour découvrir les petites plages et les villages de pêcheurs.
Fleuve Mono BéninQuartier portugais Grand-Popo BéninPour notre part, pas de navigation ni de cérémonie vaudou mais un déjeuner au-dessus du lac dans les paillotes sur pilotis de Théo. Un endroit paisible pour déguster du poisson fraîchement péché, au son du clapotis des vagues, tout en profitant de la beauté du site.

Lac Possotomé Bénin

 

Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers Grand-Popo (ce nom n’est-il pas extraordinaire ?). Installation à l’hôtel Awalé Plage, détente et baignade pendant l’après-midi.

Quartier portugais Grand-Popo Bénin

En fin de journée, notre guide nous réserve une sortie surprise … nous nous rendons au Centre de Protection des Tortues Marines qui se trouve sur une bande terre entre lagune et mer, dans l’ancien quartier portugais de Grand-Popo (on peut s’y balader pour voir les vestiges coloniaux). Pendant la saison de la ponte, une équipe de bénévoles se relait 24h/24 pour surveiller la plage, protéger les œufs et les bébés. Lors de notre visite, tous les bébés étaient déjà nés – tortues luth, imbriquées, vertes et olivâtres – et évoluaient dans de grandes bassines en attendant d’être suffisamment robustes pour rejoindre l’océan. Les enfants ont adoré !

Tortues Grand-Popo Bénin
La visite est gratuite mais vous pouvez évidemment faire un don à l’association.

 

J4 : Grand-Popo et le fleuve Mono

Réveil matinal pour partir naviguer sur le fleuve Mono. Notre guide du jour s’appelle Herman. Il a 29 ans, est licencié en tourisme et très professionnel, en plus d’être sympathique et cool avec les enfants. Un guide formé, très prometteur tel qu’on en voit malheureusement assez peu en Côte d’Ivoire. La balade en pirogue dure 4 heures mais on ne voit pas le temps passé car elle est ponctuée de nombreuses escales :

  • Un site de pêcheurs. 3 jeunes pêcheurs nous montrent leur prise (poissons chats, écrevisses, crabes de terre) et expliquent leurs techniques de pêches ; l’un d’eux grimpe en haut d’une cocotier de plusieurs mètres de haut en quelques secondes pour nous cueillir une coco. Les enfants sont scotchés.
  • Le village vaudou de Hévé. Herman connaît bien les villageois, et pleins de choses sur leur village. On sent qu’il a préparé sa visite et qu’il ne débarque pas ainsi à l’improviste. Nous ne nous sentons donc pas du tout mal à l’aise même si nous sommes l’attraction du jour pour les enfants du village, en particulier nos deux petits « yovo » (blanc au Bénin) dont la peau blanche étonne. Nous arpentons les ruelles et découvrons au coin de chaque rue des temples vaudous et fétiches un peu inquiétants à nos yeux … Au bord du fleuve, nous apercevons une machine qui récupère du sable au fond de l’eau. Auparavant, les villageois récupéraient le sable directement sur la plage pour fabriquer leurs maisons, ce qui a accentué l’érosion. L’ensablement du fleuve est tel aujourd’hui qu’il ne fait plus que 0,75 mètre de profondeur contre 8 mètres il y a 20 ans. Les hippopotames et les lamantins, qui peuplaient le fleuve autrefois, ont tous disparu.
  • L’île au sel. Dans ce village dédié à la fabrication du sel, les femmes marchent de 5 à 18 km par jour pour aller chercher du sable riche en sel, de l’autre côté du fleuve, dans les terres. Puis elles le font sécher sous des palmes, le mettent ensuite dans de gros paniers et versent dessus de l’eau saumâtre pour le nettoyer. L’eau, chargée de sel, s’évacue du panier par un robinet. Elle est enfin bouillie pendant 4 heures pour en isoler le sel. Ces mêmes femmes fabriquent également du caramel à partir de l’huile de coco. Miam!

Fleuve Mono Bénin

Fleuve Mono Bénin

La navigation se termine en apothéose à la Bouche du Roy, le point de jonction entre le fleuve Mono et l’océan Atlantique. Malheureusement, la plage qui borde cette embouchure est très polluée. Au milieu des déchets surgissent néanmoins quelques dollars des sables !! Moi qui croyais qu’on ne les trouvait qu’en Côte d’Ivoire !! Notre guide ne connaît pas ces coquillages, comme quoi ils ne doivent pas être très présents au Bénin et ont juste dû dériver depuis Assinie…

Embouchure du Roy BéninNous déjeunons à l’Auberge de Grand-Popo, rendons visite à quelques artisans locaux puis terminons la journée tranquillement à la plage.

Une grande journée nous attend demain … En effet alors que nous rentrons à l’hôtel, nous apprenons que notre vol intérieur Cotonou / Natitingou (dans le nord) est annulé. L’appareil est défectueux et la pièce à réparer n’a pas été livrée à cause des grèves Air France en France …

Qu’à cela ne tienne, c’est finalement par la route que nous traverserons le Bénin. Et même si ma tribu râle à l’idée de passer tout ce temps en voiture, moi je suis aux anges. Je ne pensais pas dire cela un jour mais merci les grévistes !!

 

J5 : Grand-Popo – Natitingou (700km / 10 h de route) via Parakou

Départ à 7h du matin car la route va être longue …. Nous longeons des dizaines de villages, des zones agricoles, des allées de manguiers qui offrent une ombre si salvatrice aux heures les plus chaudes de la journée, des plantations d’ananas et de manioc, des champs de palmiers à huile, des étales en tout genre qui proposent des fruits, de l’huile de palme reconnaissable entre toutes à sa couleur rouge vif, du gari (farine de manioc qui entre dans la composition de nombreux plats d’Afrique de l‘Ouest) mais aussi des bouteilles d’essence frelatée importée directement du Nigeria …

A l’approche de Dassa, le relief est plus escarpé. On aperçoit au loin les « Mamelles de Savé », deux collines en forme de seins de jeune fille. La région de Dassa est célèbre pour ses 41 collines, massifs rocheux au relief accidenté, inhabituels dans cette contrée relativement plate

Nous faisons un stop pour prendre un petit déjeuner à l’Auberge de Dassa. Un endroit modeste mais à l’abri du tumulte de la ville où les quelques poules qui trottinent dans le jardin divertissent mes garçons pendant notre courte pause. Depuis cette auberge, il est possible d’organiser des balades dans les collines, dont certaines sont un sanctuaire vaudou, et trouver un guide qui vous aidera à ne pas profaner de lieu sacré.

En ce qui nous concerne, nous n’avons pas le temps de randonner dans les montagnes. Nous reprenons rapidement la route car il reste encore plus de 200 km jusqu’à Parakou L’objectif étant d’y arriver pour le déjeuner.

Nous avançons vers le nord. Les villages s’espacent, laissant la place à des forêts de tecks. Nous apercevons de nombreux enfants dans les rues. Apparemment, les enseignants sont en grève, ce qui malheureusement arrivent souvent en Afrique (en France aussi vous me direz mais en Afrique, les grèves durent plus longtemps car souvent les enseignants ne sont pas payés). Les maisons qui bordent la route sont faites en terre, leur toit en palme. Eglises et mosquées se côtoient et sont souvent les bâtiments les plus raffinées et colorés des villages.

Nous arrivons à Parakou à 14h passé. Il est trop tard pour faire une longue pause. Nous ne faisons donc que passer et continuons notre route vers notre destination finale, Natitingou (encore 210km), non sans admirer la statue d’Hubert Maga, aka Toutoukoumanga, originaire de Parakou, premier président du Bénin et père de l’indépendance en 1960.

Désormais, les maisons sont en terre rouge et sèche. Il n’a pas plu depuis des mois. Les manguiers se font plus rares. Des termitières trônent sur le bord de la route. Enfin, nous approchons du massif de l’Atakora, une chaîne de montagnes qui culmine à 800 mètres d’altitude et embrasse la ville de Natitingou.

Notre long transfert du sud au nord s’achève à 18h30. Bravo à super Sanny qui a roulé quasiment non stop pendant plus de 10 heures. Nous nous installons à l’Hôtel Tata Somba. Malheureusement la piscine est en panne ☹ LA douche fera l’affaire pour cette fois. Dîner et dodo. Demain est un autre jour !

 

J6 – Natitingou – Tata Somba – Chutes de Tanguiéta – Pendjari (4h de route)

Nous commençons la journée par la visite du musée régional de Natitingou. Ouvert en 1991, il est situé dans un bâtiment colonial où logeait le commandant du cercle de l’Atacora entre 1913 et 1960 et qui a ensuite abrité la préfecture de l’Atacora jusqu’en 1987.
Ce petit musée a vocation à faire connaître l’histoire et la culture de la région. Il expose environ 360 pièces de collection traitant de l’archéologie, de l’histoire et des arts à Natitingou. Les salles et les objets sont un peu poussiéreux. Le musée ne croule pas sous les visiteurs. Néanmoins la visite est intéressante car elle permet d’appréhender un peu la culture locale et les différents habitats de la région avant de les voir « en vrai ».
Un petit marché artisanal habite la cour du musée. Après un passage furtif parmi les boutiques, nous partons à la rencontre des fameuses Tata Sombas, ces fermes-forteresses à étage. Nous nous rendons précisément dans le village de Tagayé, chez Alphonse. L’entrée de sa maison est si petite qu’il faut nous baisser pour y entrer. Au seuil de l’entrée, on aperçoit quelques petites statues qui font office d’autel. Au rez-de-chaussée, on trouve une cuisine avec un feu pour sécher le bois des poutres et tuer les termites ainsi qu’un abri pour les animaux. Au niveau supérieur, les chambres et les greniers pour stocker les grains et la nourriture. L’étage permet de se protéger des fauves et en même temps de voir « l’ennemi » approcher (enfin jadis …). Chaque pièce est surmontée de tourelles coniques coiffées de paille et reliées par un mur. La terrasse est dallée. Elle dispose d’orifices pour l’aération et l’évacuation.

Ces habitations traditionnelles font partie du patrimoine culturel du Bénin (ainsi que du Togo) mais sont menacées de disparition. Construire une Tata Somba nécessite des moyens matériels et humains basés sur une forte solidarité intra-communautaire qui s’étiole un peu. De plus, les jeunes leur préfèrent souvent des constructions plus modernes. Des programmes de préservation ont été lancés. Des associations comme Eco Benin organisent des missions de valorisation de Tatas Sombas. Il est aussi possible de passer la nuit au sein de l’une de ces maisons typiques afin de soutenir les communautés et financer leur réhabilitation.

Cette visite incontournable terminée, nous prenons la route tant attendue : celle qui va nous mener à la réserve nationale de la Pendjari. L’excitation monte !! Il nous faut 1h30 pour relier Tanguiéta, préfecture de l’Atacora où nous faisons une halte ravitaillement (dernier endroit pour faire des courses avant le parc) puis empruntons une piste jusqu’aux magnifiques cascades de Tanougou.

Chutes Tanougou Bénin

J’ai oublié de mentionner qu’à ce stade du voyage, nous avons temporairement abandonné notre 4×4 climatisé pour une jeep de safari. Nous avons donc très très très chaud (autour de 40°). Un plongeon dans le petit lac, aux pieds des cascades, constitue donc un des temps forts de notre voyage !! Pour atteindre les cascades, il faut marcher sur un chemin escarpé et glissant mais de jeunes villageois sont là pour nous aider, porter nos sacs et même nos enfants. D’autres font le show en plongeant du haut de la falaise contre quelques pièces. A noter qu’il y a un petit restaurant à l’entrée des chutes qui sert des spaghetti mais pas de boissons fraîches car il n’y a pas d’électricité.

Nous ne nous attardons pas car si nous voulons faire notre premier game drive avant la tomber de la nuit, il faut partir. Encore 30 minutes environ pour atteindre l’entrée du parc et 1h pour atteindre la Mare Bali, notre premier rencontre avec la savane et la faune africaine.

 

J7 : Safari dans le Pendjari National Park

Je ne rentrerai pas ici dans le détail de notre safari puisque j’ai déjà raconté nos 2 jours de rêve dans la Pendjari. Je rappelle juste que pour profiter pleinement de notre premier safari, nous sommes restés 2 nuits sur place, ce qui nous a permis de faire 4 game drives. Notre guide Sanny était notre ranger car il dispose de l’accréditation pour circuler et guider des touristes dans la réserve. Sinon il est possible de louer un véhicule à la Pendjari Safari Lodge avec guide mais c’est plus onéreux. Mieux vaut trouver la voiture et le guide en dehors de la réserve.

Pendjari Bénin

Mise à jour du 13 mai 2019 : Suite au événements événements récents qui se sont déroulés dans le parc de la Pendjari, il est plus que jamais essentiel de consulter le site Conseils aux Voyageurs du Ministère des Affaires Etrangères français avant d’entreprendre toute visite de la Pendjari https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/benin

 

J8 – Pendjari – Natitingou – Dassa (10h de route)

Après un réveil très matinal et un dernier game drive, nous quittons à regret la Pendjari. Et nous nous apprêtons à nous enfiler une nouvelle grosse journée de voiture.
Nous faisons une longue étape à Natintingou, ville natale de Sanny, qui nous accueille avec la plus généreuse des hospitalités dans son Hôtel Le Bélier pour un déjeuner typiquement africain : pintade à la sauce arachide et fruits frais.
Nous récupérons – enfin – notre 4×4 climatisé et partons en direction de Dassa où nous passerons la nuit. Cette fois, nous n’empruntons pas la route qui passe par Parakou mais traçons directement vers Dassa. La distance est plus courte mais la route en très mauvais état. Au final, ce n’est pas plus rapide mais cela nous permet de faire une boucle et de voir un autre paysage, plus arboré.

J9 : Dassa – Abomey et ses palais royaux – Ganvié – Porto-Novo (4h de route)

Nous ne voyons rien de Dassa qui ne présente aucun intérêt. Sans parler de notre hôtel vraiment pas top. Notre objectif est d’aller à Abomey, la capitale du royaume du Dahomey (ancien nom du Bénin jusqu’en 1974).

Nous arrivons vers 10h à Abomey, le territoire du célèbre roi Béhanzin (roi de 1890 à 1894), héros béninois et courageux résistant face aux colons. Son imposante statue domine la place Goho, place principale de la ville. Aux premiers abords, cette ville royale nous frappe plus par son austérité que par son faste. Elle cache bien son jeu…

Nous nous dirigeons donc vers le musée et les palais royaux. Le royaume d’Abomey a connu 12 souverains. Chaque nouveau souverain devait se construire un palais à proximité de celui de son père. Abomey est donc devenu une vaste cité royale de 40 ha. Mais le temps, les pluies et les guerres ont détruit la plupart d’entre eux. Aujourd’hui, il ne reste plus que 2 palais – celui du roi Ghézo (1818-1858) et celui du roi Glélé (1858-1889), le père de Béhanzin – qui accueillent le musée.

Abomey BéninLes photos sont officiellement interdites à l’intérieur du musée – qui est un espace extérieur – mais le guide nous encourage quand même à en prendre discrètement.  

Ces palais sont particulièrement fascinants car ils ont plus de 150 ans et il n’est pas si fréquent de voir d’aussi vieux bâtiments, aussi bien conservés, en Afrique de l’Ouest. Ils sont notamment remarquables pour leur magnifique bas-relief qui décrivent la vie des rois et présentent leur animal totem (le lion pour Glélé et le buffle pour Ghézo). Ils abritent une collection d’objets ayant appartenus aux rois. A noter toutefois que le véritable trône du roi Ghezo, datant du début du XIXe siècle, se trouve actuellement au musée du quai Branly. Pour combien de temps encore ?
Sur le site du musée également, le tombeau du roi dans lequel ont aussi été enterrées vivantes 41 de ses épouses (il pouvait en avoir jusqu’à 400 …). Ces tombeaux continuent d’être honorés tous les 5 jours. A ces moments là, il n’est pas possible d’y accéder.

Actualité !
Il y a quelques jours à peine, le 13 janvier 2018, le nouveau roi d’Abomey a été désigné par un collège de dignitaires, six mois après le décès de son prédécesseur. Le nouveau roi, Kêfa Sagbadjou Glèlè, octogénaire dont on ignore en fait l’âge exact, est descendant d’une longue lignée royale, fils et petit-fils de souverains. Son nom en fon (principale langue véhiculaire au Bénin) est Kêfa, qui signifie « un monde apaisé ». Détenteur de pouvoir mystique et dépositaire de l’autorité religieuse et coutumière, il reste très influent même si la constitution béninoise ne lui reconnaît aucun pouvoir politique

 

Nous repartons après le déjeuner pour Ganvié, la célèbre cité lacustre du lac Nokoué, au nord de Cotonou. Sanny nous dépose à l’embarcadère où nous embarquons à bord d‘une pirogue à moteur avec un guide. Surnommé la Venise africaine, ce village n’est pas le seul construit sur pilotis mais de loin le plus grand et le plus célèbre. Comme un village terrestre, il est structuré en rues et quartiers. On y trouve des bâtiments administratifs, des écoles, des églises et mosquées, des boutiques, des habitations et un grand marché. Les habitats traditionnels en bambous et chaume laissent petit à petit la place à des constructions plus hétéroclites en toit de tôle et murs en bétons. Quelques îlots artificiels émergent de l’eau : ils permettent aux enfants d’apprendre à marcher. Auparavant, les « Toffinou » ou « habitants de l’eau » se trouvaient diminuer dès qu’ils allaient sur le continent sachant mal tenir debout et étaient stigmatisés. Dès le plus jeune âge, en revanche, les enfants de Ganvié savent nager et piloter seuls leur embarcation. Les habitants vivent principalement de la pêche. Partout sur le lac, on aperçoit des « akadja » : de vastes enclos formés à partir de branchages et de pieux où sont pris aux pièges les poissons. Une technique de pisciculture infaillible mais qui malheureusement contribue au comblement du lac dès lors que les branchages pourrissent et s’entassent au fond de l’eau.

Ganvié Bénin

Après avoir traversé Ganvié, nous poursuivons notre balade en bateau et admirons les pêcheurs à l’épervier (autre technique de pêche courante dans la région) qui lancent avec dextérité leur filet lesté. Nous traversons le lac en pirogue jusqu’à Cotonou. L’arrivée dans la capitale économique n’est pas des plus réjouissantes car les abords du lac sont une décharge à ciel ouvert. Nous longeons des quartiers d’une extrême pauvreté où l’odeur des poissons se dispute à celle des ordures. Nous accostons au niveau du marché Dantokpa, le plus grand marché de la ville et un de plus grands d’Afrique de l’Ouest. On y trouve de tout. Les enfants ne s’y sentent pas très à l’aise donc nous traçons et retrouvons Sanny qui nous attend avec la voiture, trop pratique !

Direction Porto-Novo, la capitale administrative du Bénin. Nous nous installons au Centre Songhaï, une ferme biologique modèle qui propose quelques hébergements. Ce centre est en fait un établissement d’expérimentation et de formation à l’agriculture, l’élevage et la pisciculture intégrés. Que vous y dormiez ou pas, vous pouvez le visiter du lundi au samedi (500F/entrée). Nous y arrivons un samedi soir donc ce n’est pas possible pour nous.

 

J10 – Porto-Novo – Cotonou (1h de route)

Cette journée est consacrée à la visite de Porto-Novo, la « Cité Rouge ». Et une journée entière est bien nécessaire tant la capitale administrative regorge de sites remarquables à visiter.

Tout d’abord, Porto-Novo est incontournable pour son riche patrimonial architectural colonial construit par les « Brésiliens », descendants d’esclaves qui ont quitté le Brésil pour revenir en Afrique. Malheureusement la plupart de ces constructions ont été détruites ou sont délabrées. Et l’argent fait défaut pour les rénover. Celles qui tiennent encore debout sont désormais étiquetées « site classé » et sont inscrites au patrimoine historique (mais pas encore sur la liste de l’UNESCO). Une balade à pied dans les rues de la ville permet d’admirer ces splendides bâtisses de style afro-brésilien, aux couleurs chaudes, qui donnent parfois l’impression d’être en Amérique Latine. Nous nous arrêtons devant une maison qui héberge la plus vieille boulangerie de la ville, fondée par le descendant de l’actuel propriétaire, à son retour du Brésil. Il prend plaisir à nous raconter l’histoire de sa famille et nous vanter la qualité de sa baguette !

Porto-Novo Bénin
Le clou du spectacle est la Grande Mosquée, site baroque aux façades colorées, dont le style architectural est inspiré de la cathédrale de San Salvador de Bahia. Un édifice particulièrement insolite qui ressemble à une église surmontée de deux minarets et du croissant de lune à la place de la croix.

Porto-Novo Bénin

Cette mosquée est implantée au cœur du grand marché Ahouangbo, récemment rénové. Le marché surprend (par rapport à d’autres marchés africains grouillant de monde et envahis de marchandises) par son calme et son ordre. Il a l’air propre comme un sou neuf ! Une des rues principales semblent sponsorisées par Maggi, ces bouillons Kub carrés dont les africains sont si friands. Des maisonnettes en dur sont alignées sur plusieurs dizaines de mètres flanquées d’un fronton aux couleurs de la célèbre marque.

Porto-Novo Bénin

Au cours de notre promenade, nous découvrons également :

  • La cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception, érigée en 1854.
  • Juste en face, la place Bayol (du nom du premier gouverneur français de la colonie) et la statue du roi To-fa 1er, dernier roi de Porto-Novo.
  • Le temple Te-Do et siège mondial des Zangbeto, une société secrète interdite aux non-initiés.
  • Le musée Honmé, ancien palais royal, qui raconte la vie des rois de Porto-Novo. Avec la colonisation, les rois ont été dépossédés de leur pouvoir politique. On ne parle désormais plus de rois mais de « chefs supérieurs » qui disposent encore d’un espace réservé au sein de cet ancien palais.
  • Le jardin des plantes et de la nature, créé en 1895 sur le site d’une forêt sacrée. Alors là, gare aux moustiques, pensez à vous enduire de répulsif avant d’entrée dans le parc. Des arbres gigantesques comme l’iroko, le caïlcedrat ou le kapokier sont très impressionnants. Des cercopithèques, des petits singes gris à ventre blanc, se baladent en liberté dans le jardin, à l’affût de nourriture que pourraient leur donner les visiteurs. On a prévu quelques bananes que mes fils leur donnent pour la plus grande joie des singes … et des enfants.
  • Le musée ethnographique Adandé qui dispose d’une belle collection de masques Guélédé, cette société Yoruba qui pratique des danses rituelles à la fin des récoltes et lors d’événements importants

Les Masques Gélédé
Le patrimoine oral Gélèdé a été inscrit en 2008 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ces masques somptueux sont sculptés par des artistes à partir d’un morceau de bois cylindrique et peints en polychromie. Ils ont des caractéristiques communes aux œuvres Yoruba : les yeux en amande ou encore les trois courtes scarifications sur les joues ou le front. Ils sont constitués de deux parties. La partie inférieure représente un visage de femme. La partie supérieure est liée à la créativité de l’artiste. Des figures d’animaux sont souvent utilisées.

(source : Wikipedia)

Nous avons eu la chance d’en voir à la Fondation Zinsou (dont je vous parle plus loin) ainsi que dans notre hôtel de Cotonou la Maison Rouge (en vente à 300000F pièce). Je n’en ai pas ramené bien qu’ils fassent partie, à mes yeux, des plus beaux masques que j’ai pu voir depuis mon arrivée en Afrique.

Fondation Zinsou Cotonou Benin

Comme je vous l’ai écrit plus haut, une étape à Porto-Novo vaut largement le détour tant il y a à voir. Nous prolongeons l’escapade jusqu’à Adjara, petit village à 10km au nord de Porto-Novo, réputé pour son marché artisanal et notamment ses instruments de musique et ses tams-tams en bois d’iroko. Il est possible de voir les artisans fabriqués ces tams-tams, ce que nous manquons car ils sont tous à la messe le dimanche matin ☹ A la place, nous allons visiter le petit musée ethnologique de la ville, assez modeste, mais proposant quelques belles statuaires d’Afrique de l’Ouest que le conservateur nous présente avec beaucoup d’enthousiasme et de passion !

En fin de journée, nous retournons sur Cotonou et prenons nos quartiers, pour finir en beauté, à la magnifique Maison Rouge, un hôtel de luxe à taille humaine. Le road-trip est définitivement fini. Grand soulagement pour mon mari qui en a bien bavé … Nous allons passer 2 jours tranquilles avant de repartir pour Abidjan.

 

J11 : Cotonou

Entre deux ploufs dans la piscine, nous partons nous promener quelques heures dans Cotonou. Comme beaucoup de métropoles africaines, pas grand chose à se mettre sous la dent. Sanny nous fait faire le tour de la ville pour que nous puissions voir les monuments remarquables notamment les places symboliques de la période de la révolution (le Bénin a connu un régime marxiste-léniniste de de 1974 à 1990 sous Mathieu Kérékou) : la place de l’Etoile-Rouge, la place de Bulgarie et la place Lénine. Le long du boulevard de la Marina s’élèvent plutôt des constructions modernes comme le Centre de Conférences Internationales, une structure conique en aluminium inaugurée par Jacques Chirac en 1995, et le Palais des Congrès, cadeau de la Chine.

Architecture Cotonou Bénin
Mais pour moi, l’incontournable de Cotonou est la Fondation Zinsou, l’unique musée d’Afrique occidentale consacré à l’art moderne. Ouverte en 2005, sous l’impulsion de la famille Zinsou (dont nombre des membres se sont illustrés en politique et en affaires, dont Lionel Zinsou candidat malheureux à la dernière présidentielle face à Patrice Talon), cette fondation est un lieu extrêmement dynamique qui organise plusieurs expositions par an et met en lumière des artistes africains contemporains. Peintures, photos, sculptures, installations … oeuvres multiples et diverses issues de la collection privée des Zinsou ou pas. Elle accueille régulièrement des élèves pour éveiller la jeunesse à l’art. Au coeur de l’actualité, elle prend évidemment part au débat qui secoue actuellement le monde des arts premiers suite à la publication du rapport Savoy-Sarr sur la restitution du patrimoine africain par les musées européens (notamment le Quai-Branly en France). A ne rater sous aucun prétexte à Cotonou.

Pour finir, nous allons faire un petit tour au centre de promotion de l’artisanat, marché artisanal de Cotonou, pour ramener quelques souvenirs. Pendant que je fais du shopping, le reste de la famille s’attable à la terrasse d’un petit maquis situé dans le centre (bon à savoir pour les maris qui n’aiment pas le shopping …). Je n’y ai malheureusement pas trouvé de masques Gélélé mais de belles pièces en bronze, statues de calao, papeterie et poteries.

 

J12 : Cotonou – Abidjan

Dernier jour à Cotonou. Journée repos et détente à l’hôtel. Nous repartons en fin de journée, totalement épuisés mais absolument enchantés par notre voyage.

 

REMERCIEMENTS

Ce voyage n’aurait pas été possible sans notre exceptionnel guide Sanny qui a conçu cet itinéraire, géré les imprévus, s’est adapté à toutes nos demandes – toujours avec le sourire – s‘est occupé de nos enfants lors de certaines visites qui ne les intéressaient pas, a pris le temps de nous parler son pays, a cherché sans relâche les lions de la Pendjari et j’en passe! Un immense MERCI à lui et son équipe pour nous avoir fait découvrir le Bénin dans les meilleures des conditions.
Pour le contacter : https://lebelierhotel.wixsite.com/lebelier.

A noter enfin que j’ai eu la chance de rencontrer Sanny grâce à l’agence Evaneos qui est une plateforme de mise en relation de voyageurs et d’agents de voyage locaux, experts de leur pays, et qui conçoivent des itinéraires 100% sur mesure. Cette expérience a été tellement positive que j’ai refait appel à Evaneos pour notre prochain voyage en Ouganda en février !

Tous les hôtels, auberges et restaurant cités dans cet article sont décrits plus largement dans l’article Itinéraires et bonnes adresses.

 

Avec tout cela, j’espère vous avoir convaincu d’inscrire le Bénin sur votre wish-list !!! Bon voyage aux futurs visiteurs de ce pays ! Et comme toujours, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager sur Pinterest en cliquant sur l’une des deux images ci-dessous !

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La Route des Esclaves de Ouidah

La Route des Esclaves est un lieu de mémoire unique et exceptionnel. Située à Ouidah, sur les rives béninoises du Golfe de Guinée, cette route fait revivre les derniers pas des 2 millions d’hommes, femmes et enfants qui ont été arrachés à leur pays et vendus, comme de la vulgaire marchandise, par les rois du Dahomey aux Européens. Du marché des esclaves à la porte de Non Retour, 7 étapes et 4 kilomètres pour remonter le temps et rendre hommage.

 

La place des enchères

Au XVIIIe siècle, Africains et Européens s’y échangeaient toutes sortes de marchandises. Les uns vendaient des produits manufacturés, les autres des esclaves (prisonniers de guerre issus d’ethnies rivales, victimes de razzias ou encore coupables d’adultères). 1 pipe valait 5 esclaves, 1 bouteille d’alcool 10 esclaves, 1 canons 15 hommes ou 21 femmes…

De ce marché, il reste aujourd’hui une petite place dénommée « Place Chacha » en l’honneur de Don Francisco de Souza, alia Cha Cha (vite vite), marchand d’esclave brésilien, représentant du Roi auprès des Européens. La plupart des Souza du Bénin sont paraît-il ses descendants.

Place des enchères Ouidah Bénin

« C’est sous cet arbre et en cette place que se tenaient les enchères publiques pendant lesquelles les esclaves destinés aux Amériques étaient troqués contre des marchandises de pacotille ».

La maison fleurie

Elle était située juste en face du marché mais a été détruite. Une fois vendu, chaque esclave devait s’y rendre pour y recevoir la marque, au fer rouge, de son acheteur. Puis il entamait sa longue marche, sur la route jusqu’à l’océan.

 

L’Arbre de l’Oubli

La route des esclaves est jalonnée de 23 magnifiques statues colorées. La plupart ont été réalisée par Cyprien Tokoudagba, peintre et sculpteur béninois reconnu internationalement. Elle représente chacune une part de l’histoire de Ouidah, notamment les symboles des différents rois du Dahomey (l’oiseau, le lion, la hyène, le caméléon, le singe, le serpent, la jambe …) ou encore de la traite des esclaves.

Arrivés à l’Arbre de l’Oubli, les esclaves hommes devaient en faire le tour 9 fois, et les femmes 7 fois de façon à oublier leur famille, leur histoire, leur culture et leur identité et devenir des êtres sans aucune volonté.

Arbre de l'oubli Ouidah Bénin

« En ce lieu se trouvait l’arbre de l’oubli. Les esclaves mâles devaient tourner autour de lui neuf fois. Les femmes sept fois. Ces tours étant accomplis, les esclaves étaient censés devenir amnésiques. Ils oubliaient complètement leur passé, leurs origines et leur identité culturelle pour devenir des êtres sans aucune volonté de réagir ou de se rebeller. »

Peu après l’Arbre de l’Oubli se trouve le Mémorial Zomachi (Escale du retour). Ce lieu de mémoire, hommage aux descendants d’esclaves qui sont revenus au Bénin, n’a en fait jamais été construit. Mais les fresques du mur d’enceinte qui racontent la vie des esclaves ainsi que la révolte de Haïti en 1791 menée par Toussaint Louverture méritent qu’on s’y attarde.

 

Les cases Zomaï

Les esclaves étaient ensuite conduits dans des sortes d’entrepôts totalement obscures et exigus (« Zomaï » signifiant « que le feu ou la lumière ne s’y attarde pas ») dans lesquels ils étaient enfermés pendant 3 à 4 mois jusqu’à l’arrivée des navires négriers. Des conditions de vie horribles – entassés les uns sur les autres, dans le noir, rarement nourris – qui étaient censées leur donner un avant-goût de ce qui les attendait dans les bateaux. Il ne reste rien de ces cases qui ont été remplacées par des sculptures.

« En effet, en cet endroit se trouvait une grande case hermétiquement close où les esclaves étaient enfermés dès leur arrivée à Zounbodji. Et d’où ils ne sortaient que pour être transférés vers l’arbre du retour. Cette séquestration absolue désorientait totalement les esclaves et rendait extrêmement difficile toute tentative de fuite ou de rébellion; Ce séjour ici les conditionnait pour la vie de promiscuité et d’obscurité des cales des négriers. »

Case Zomai Ouidah Bénin

Casa Zomaï Ouidah Bénin

Le Mémorial du Souvenir

Les nombreux esclaves qui ne survivaient pas à leurs inhumaines conditions de détention étaient enterrés dans une fosse commune. Un mémorial et a a été érigé à cet endroit. Un mur des lamentations se dresse au milieu.

L’Arbre du Retour

A quelques mètres du mémorial, un arbre généreux, debout depuis 200 ans, trône au milieu d’une placette tel un témoin du passé. Une fois qu’ils quittaient les cases, les esclaves s’y arrêtaient et en faisaient 3 fois le tour. Ce rituel leur garantissait que leur esprit reviendrait sur la terre de leurs ancêtres quoi qu’il arrive et où qu’ils meurent. Dernière volonté accordée à des êtres humains en sursis.

Arbre du Retour Ouidah Bénin

La porte de Non Retour

La Route des Esclaves se termine par une immense porte inaugurée en 1995, symbolisant le passage des esclaves vers l’autre monde et l’impossibilité pour eux de revenir. La mer étant peu profonde, les navires ne pouvaient atteindre les côtes. Des pirogues les attendaient pour les conduire dans les navires. Ultime chance de se donner la mort et d’échapper à ce funeste destin.

 

La porte de Non Retour a été réalisée par Fortuné BANDEIRA, architecte, décorateur et peintre béninois.

Porte Non-Retour Ouidah Bénin

Plage Ouidah Bénin

La plage de Ouidah est celle qui a vu passer le plus d’esclaves en Afrique de l’Ouest en direction des Antilles, de Cuba, de Haïti et du Brésil. Les navires faisaient ensuite escale au Ghana puis au Sénégal avant d’entamer leur grande traversée. Les historiens estiment que 20% d’entre eux ont péri avant d’arriver de l’autre côté de l’océan.

INFORMATIONS PRATIQUES

  • La Route des Esclaves fait 4 kilomètres et se parcourt idéalement à pied.
  • Les cases Zomaï, le Mémorial du Souvenir ainsi que l’Arbre du Retour ne se trouvent pas sur la route même mais  à quelques dizaines de mètres à l’intérieur du village.
  • Je vous recommande évidemment de prendre un guide (compter environ 5000F CFA). Vous pouvez en trouver aisément lorsque vous visitez le Fort Portugais.

 

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Route des Esclaves Pinterest

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5 sites incontournables à visiter à Ouidah

Ouidah est la capitale mondiale du Vaudou et a été le principal centre d’Afrique de l’Ouest de la traite négrière. Situé à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, sur le littoral atlantique, ce centre historique exceptionnel abrite des bâtiments coloniaux de style afro-brésilien, un musée d’art contemporain, des temples vaudous, un fort du XVIIIe siècle et la « Route des Esclaves », lieu de mémoire qui fait revivre les derniers pas des esclaves africains avant d’embarquer pour les Amériques. Une étape à ne rater sous aucun prétexte et qui mérite qu’on s’y attarde au moins deux jours.

 

Le temple des Pythons

Il s’agit du principal temps vaudou de la ville. Il est ouvert aux non initiés. Il abrite près de 200 pythons royaux qui sont, comme chacun sait, des serpents totalement inoffensifs !! Sans quoi nous ne l’aurions pas enroulé, tel un ornement précieux, autour de notre cou…

Chaque mois, les pythons sont lâchés dans la ville pour aller chasser (ils se nourrissent de petits mammifères) puis reviennent tranquillement au bercail, une fois repus. Si un habitant en trouve un, égaré dans sa maison, il le ramène au temple. Il est interdit de les tuer et de les manger.

Vénérés par les vaudous, leurs représentations ornent murs et statues. Dans le temple, on trouve également une jarre sacrée utilisée tous les 7 ans à l’occasion d’une grande fête pour purifier la ville. Et dans un coin, un arbre sacré qui incarne l’esprit des anciens. Le prêtre y pratique des rituels et sacrifices (d’animaux).

 

La basilique de l’Immaculée Conception

L’histoire de cet édifice religieux est indissociable de celle des missionnaires européens venus évangéliser les territoires africains dans la 2e moitié du XIXe siècle. Ces derniers célébraient leurs premiers offices dans la chapelle du fort portugais ou dans l’enceinte de la mission. Au fil du temps, l’augmentation du nombre de convertis était telle qu’il devint indispensable de construire un lieu de culte digne de ce nom.

La basilique se situe juste en face du Temple des Pythons, à l’ancien emplacement du siège du représentant des Rois du Dahomey et lieu de détention pour de nombreux chrétiens quelques décennies plus tôt.

Sa construction a démarré en 1903 et s’est achevée en 1909. Les travaux ont été menés son seulement par les chrétiens mais aussi par de nombreux adeptes du Vaudou soucieux d’aider leurs parents et amis, quand bien même seraient-ils d’une autre religion que la leur. Son style est typique de l’architecture néo-gothique à la mode dans plusieurs pays européens à cette époque.

Le premier office a réuni 4000 personnes, à la fois chrétiens et vaudou. Aujourd’hui encore, la plupart des béninois ont 2 religions : le catholicisme ou l’islam d’un côté, le Vaudou de l’autre. Et font parfaitement coexister ces doubles croyances.

 

Le musée Zinsou

Le musée Zinsou est l’unique musée d’art contemporain d’Afrique de l’Ouest ! Il joue un rôle à la fois culturel, social et pédagogique. L’accès y est gratuit.

La fondation Zinsou a été inaugurée en 2005, à Cotonou, à l’initiative de la famille Zinsou (dont certains membres se sont illustrés dans la vie politique et économique du pays), grâce à sa riche collection privée.

Le site de Ouidah a ouvert en novembre 2013 dans un bâtiment historique de style afro-brésilien construit en 1922 : la villa Ajavon. Désormais réhabilitée et reconvertie en musée, elle accueille 1 à 2 expositions chaque année afin de faire découvrir l’art moderne africain et montrer, si besoin en était, que l’art africain ne se résume pas aux statuettes en bois que l’on trouve sur les marchés artisanaux. Actuellement, c’est l’exposition « Entrée en matières » qui est proposée au public. 

Jardin Musée Zinsou Ouidah

 

Le fort portugais et le musée d’histoire 

Le fort Sao Joao Baptista de Ajuda a été construit en 1721. Il est le seul fort sauvegardé de la ville. Les 4 autres (français, hollandais, anglais et danois) ont été détruits. Il permet de se rendre compte de la dimension militaire du lieu avec le mur d’enceinte, les canons, le logement du gouverneur et des soldats. Mais aussi de commencer à découvrir l’histoire du royaume de Ouidah et de l’esclavage.

Fort portugais Ouidah Bénin

Le musée, hébergé au sein du fort, retrace l’histoire des souverains locaux, de leur relation avec les européens et donne à voir les conditions dans lesquelles les esclaves étaient emprisonnés pendant des mois, à l’intérieur du fort, en attendant l’arrivée des navires négriers. On y trouve aussi une très belle exposition de photos de Pierre Verger qui montre la proximité culturelle entre le Bénin et le Brésil (pays de destination de la plupart des esclaves qui ont quitté la région).

Un passage obligé avant le 5ème et ultime incontournable.

 

La Route des Esclaves et la porte de Non-Retour

L’endroit le plus émouvant qu’il ne m’est jamais été donné de voir. Un site remarquablement mis en valeur – contrairement au fort de Cape Coast et d’Elmina sur la côte ghanéenne.

La route des esclaves de Ouidah est ponctuée de 7 étapes clés. Elle commence « place Chacha », sur le lieu de l’ancien marché des esclaves, et se termine à la porte de Non-Retour au bord de la plage. Elle fait 4 km de long et je ne peux que vous conseillez de la parcourir à pied (ce que malheureusement nous n’avons pas pu faire avec les petits). Elle est jalonnée de 23 statues et de 4 lieux hautement symboliques (l’arbre de l’oubli, les cases zomaï, le mémorial du souvenir et l’arbre du retour).

INFORMATIONS PRATIQUES

  • Ouidah se siue à 40 km de Cotonou. Il y a 2 façons de s’y rendre : soit via la route nationale bien bitumée direction Abomey-Calavi, soit via la Route des Pêches. Personnellement, je préfère la seconde option tant cette route est un voyage en soi. Dans ce cas, il faut compter plutôt 1h30 de route. A éviter en cas de fortes pluies.
  • Pour le déjeuner, vous pouvez vous allier l’utile à l’agréable en vous faisant une halte gourmande au café arty-trendy du musée Zinsou.
  • Et si vous souhaitez passer une nuit sur place, je recommande la Casa del Papa, un hôtel entre mer et lagune qui propose tout un panel d’activités (excursion sur la lagune, paddle, canoé, tennis, VTT, mini-golf,…) qui vous donneront envie de vous attarder plusieurs jours à Ouidah … Idéal avec des enfants !

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10 excellentes raisons de visiter le Bénin

Le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest niché entre le Togo à l’ouest, le Burkina Faso et le Niger au nord et le Nigéria à l’est. Il est le berceau du vaudou, territoire  de l’ancien royaume de Dahomey, et terre d’accueil des derniers lions d’Afrique de l’Ouest. De retour d’un road-trip de 12 jours en famille, je vous propose de découvrir les 10 raisons pour lesquelles vous devez absolument visiter cet incroyable pays.

 

Le culte Vaudou

Le vaudouisme est une religion qui est née dans l’ancien royaume du Dahomey, devenu le Bénin en 1975.  Issue des cultes animistes africaines, elle s’est développée jusqu’aux Caraïbes et l’Amérique avec l’arrivée des esclaves africains. Aujourd’hui, fort de 50 millions de pratiquants dans le monde, elle est célébrée, chaque année, le 10 janvier à Ouidah. Parmi les principaux sites à ne pas manquer : le temple des pythons à Ouidah, le musée ethnographique de Porto-Novo, le palais des rois Glèlè et Ghézo à Abomey ou encore le village de Hévé près de Grand-Popo. Et si vous avez de la chance, vous croiserez peut-être un Zangbéto ou un Egoun au détour d’une rue …

Les plages du littoral Atlantique

Elles sont magnifiques, immenses et la plupart du temps désertes ! C’est bien toute le charme des plages du Golfe de Guinée qui sont très peu touristiques … Les vagues sont houleuses à cause de la barre mais le sable fin, les cocotiers et le soleil feront le reste.

La Route des Pêches

Ce cordon de sable relie Cotonou à la frontière togolaise. D’un côté l’océan, les villages et les pêcheurs à l’oeuvre dès la première heure du jour pour manipuler leurs immenses filets de pêche, de l’autre la lagune bordée d’arbres et de champs. N’hésitez pas à faire un ou plusieurs stops pour profiter de la vue et déguster un rafraîchissement les pieds dans le sable.

Route Pêches Bénin

Le parc national de la Pendjari

Coup de cœur absolu !!! Cette réserve est peu connue et pourtant, quel joyau ! C’est le parc faunique le plus important d’Afrique de l’Ouest. La faune y est extrêmement variée : lions, guépards, éléphants, buffles, hippopotames, antilopes (Cobbes de Buffon, hyppotragues, damalisques, buffales, waterbucks …), crocodiles, phacochères, babouins, vervets, patas, marabouts, rolliers d’Abyssinie, calaos, vautours, ombrettes, cigognes … La Pendjari, c’est la promesse d’un vrai safari et d’une immersion totale dans la savane africaine.

 Buffles Pendjari Bénin

Mise à jour du 13 mai 2019 : Suite au événements événements récents qui se sont déroulés dans le parc de la Pendjari, il est plus que jamais essentiel de consulter le site Conseils aux Voyageurs du Ministère des Affaires Etrangères français avant d’entreprendre toute visite de la Pendjari https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/benin

Les tatas sombas

Ces fermes forteresses sont des habitats traditionnels que l’on trouve au nord-ouest du Bénin (notamment dans le village de Boukoumbé) ainsi qu’au Togo. Elles sont toutes construites sur le même modèle : orientées vers l’ouest du côté des vivants, le bétail et les « vieux » en bas, le reste de la famille et les greniers à haut. Devant l’entrée, plusieurs fétiches en argile, protègent la maison. Il est possible de les visiter mais aussi d’y dormir. Une expérience insolite.

Tata Somba Bénin

L’architecture afro-brésilienne de Porto-Novo

Porto-Novo, capitale du Bénin, est connue pour ses bâtiments coloniaux de style afro-brésilien construits par les descendants d’esclaves revenus du Brésil. Un des bâtiments les plus remarquables est la grande mosquée qui ressemble à l’église de Salvador de Bahia.

Mosquée Porto Novo Bénin

La fondation Zinsou

La fondation Zinsou à Cotonou et le musée du même nom à Ouidah, unique musée d’art contemporain d’Afrique, exposent, plusieurs fois par an, des artistes africains de tout pays.

Musée Zinsou Ouidah Bénin

Ganvié

Egalement appelé la Venise africaine, Ganvié est un village situé sur le lac Nokoué, au nord de Cotonou. Elle compte environ 30 000 habitants qui vivent dans des maisons sur pilotis, essentiellement de la pêche. Elle est la plus importante cité lacustre d’Afrique de l’Ouest

Ganvié Bénin

La Route des Esclaves de Ouidah

Lieu de mémoire qui raconte l’histoire de l’esclavage et la souffrance de ces hommes, femmes et enfants arrachés à leur pays pour aller peupler les terres du Nouveau Monde. Un parcours qui s’étend sur 4 kilomètres de la place des enchères publiques jusqu’à la porte de Non-Retour. Pour en savoir plus, retrouvez mon article complet sur la Route des Esclaves.

 Mémorial Souvenir Ouidah Benin

Un concentré d’Afrique

Le Bénin était autrefois le royaume le plus puissant d’Afrique occidentale et tente aujourd’hui de sauvegarder son riche patrimoine. Il est possible d’y visiter des sites culturels, religieux mais aussi d’incroyables réserves animalières… bref, l’Afrique en miniature !

Je pourrai aussi citer la bouche du Roy sur le fleuve Mono à Grand-Popo, le lac de Possotomé et sa source d’eau minérale, les palais des rois du Dahomey à Abomey, les 41 collines de Dhassa, la sécurité ou encore la gentillesse et l’hospitalité de ses habitants…. Les raisons de visiter le Bénin ne manquent pas.

 

Alors vous partez quand ?

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