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Eternelle Grand-Bassam : visite du quartier France

Rue de Bassam

Grand-Bassam, surnommée tout simplement Bassam, ne préside plus – et depuis bien longtemps – la destinée de la Côte d’Ivoire. Mais elle garde les traces de sa grandeur d’antan et sera, pour toujours, la première capitale du pays (de 1893 à 1900).

Cette station balnéaire se situe à une quarantaine de kilomètres à l’ouest d’Abidjan, le long de la façade Atlantique. Elle est particulièrement prisée pour sa douceur de vivre et son interminable plage bordée de palmiers. Mais pas seulement !

Plage Bassam

 

Un patrimoine colonial exceptionnel à Grand-Bassam

Grand-Bassam dispose d’un incroyable patrimoine culturel, notamment au sein du Quartier France, la ville coloniale construite sur une étroite bande de terre entre l’océan et la lagune. Véritable musée à ciel ouvert, il abrite des vestiges de la fin du XIXe et du début du XXe siècle : un remarquable exemple d’architecture coloniale avec des maisons fonctionnelles dotées de galeries extérieures, de vérandas et de jardins qui témoignent des relations entre Européens et Africains et même du mouvement en faveur de l’indépendance.

Maison coloniale Bassam

Le Quartier France est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis juin 2012. Une promenade dans ses ruelles est l’occasion de découvrir un morceau de l’histoire tourmentée du pays.

Le plus ancien bâtiment du quartier est la Maison du Gouverneur qui héberge désormais le Musée National du Costume. Il fut construit en 1893 alors que Grand-Bassam devenait la première capitale de la colonie de la Côte d’Ivoire et désignait son premier gouverneur Français : le capitaine Binger (qui a donné son nom à Bingerville).

Musée Bassam

En face se trouve l’ancien Palais de Justice, construit en 1911. Il est particulièrement ravagé par le temps et les embruns et est donc censé être le premier bâtiment rénové grâce aux financements de l’UNESCO et de l’état ivoirien – d’où les échafaudages en place sans qui la maison ne serait plus qu’un amas de pierres. Les travaux ont commencé en 2014 et le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas beaucoup avancé … En attendant sa réhabilitation, le Tribunal se situe à l’entrée du quartier, dans une maison autrefois habitée par les fonctionnaires coloniaux, juste en face de la Préfecture.

Palais de Justice Bassam

En poursuivant le chemin, on découvre la Maison des Artistes, un bâtiment au charme tout particulier puisqu’il a été investi par un collectif d’artistes qui ont décoré les murs décrépis de la bâtisse avec leur portrait. Construit en 1905, il fut le premier entrepôt utilisé par les Français pour stocker des marchandises et commercer.

Maison des Artistes Bassam

Une grande maison blanche et verte est particulièrement représentative de l’architecture coloniale, adaptée au climat tropical, avec ses persiennes ajourées laissant passer la lumière mais pas les rayons de soleil. Il s’agissait des bureaux des Postes et des Douanes (les fameuses PTT), autrement dit la première Poste ivoirienne. Deux bâtisses à l’époque distincte mais désormais réunies qui accueillent des expositions de photos, notamment d’anciens clichés racontant l’histoire de la ville.

PTT Bassam

La maison coloniale mitoyenne héberge l’entité qui gère le patrimoine, pilote les travaux de rénovation et s’assure que les actions menées sont bien conforme aux critères d’exigence de l’UNESCO … un vaste chantier à tous les niveaux car faute d’éducation sur le sujet, les grands propriétaires des maisons coloniales refusent de se plier aux cahiers des charges et préfèrent faire ce qu’ils veulent dès lors qu’il est question de rénover ou aménager leur maison.

 

Grand-Bassam, une terre de missionnaires et d’évangélisation

En face se trouve la première école fondée à Bassam par les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Apôtres. Elles se sont installées en 1898 à Grand-Bassam et y vivent encore. Leur école, toujours active, était exclusivement réservée aux métisses, enfants des colons. Une autre école, située quelques mètres plus loin dans la même rue, était elle réservée aux enfants des employés des colons.

Ecole des Soeurs Bassam

Avant les sœurs, ce sont deux pères des Missions Africaines de Lyon, Alexandre Hamard et Emile Bonhomme, qui arrivèrent en 1895 pour évangéliser Grand-Bassam. Un monument leur rend hommage. De cet endroit, on peut apercevoir, dans une petite rue perpendiculaire à l’artère principale du quartier, la première église de Côte d’Ivoire, consacrée en 1896. Celle-ci fut détruite lors de la grande épidémie de fièvre jaune en 1899 mais reconstruite depuis et est toujours en fonction. La maison (jaune) est aujourd’hui celle de l’Evêché de Grand-Bassam.

Maison Jaune Evéché Bassam

 

La grande épidémie de fière jaune et la fin de l’ère bassamoise

Arrivés au bout de la rue, au niveau du restaurant la Commanderie, est érigé le Monument aux Morts français qui rend hommage aux victimes de l’épidémie de fièvre jaune ayant emporté 2/3 des colons présents à Bassam en 1899. Ce monument, sculpté par Alfred Lenoir, fut inauguré en 1914. Il est surmonté d’une Marianne portant un bouquet de fleurs dans ses bras.

Monument Morts Bassam

L’épidémie dura jusqu’en 1903, ce qui explique pourquoi Grand-Bassam perdit son statut de capitale au profil de Bingerville en 1900. Dès lors, Grand-Bassam continua de jouer un rôle important au sein de la colonie, notamment avec la mise en service de son wharf maritime (177 m de long) et de son phare en 1901. Mais le centre névralgique de la colonie de la Côte d’Ivoire se déplaça durablement vers l’ouest, d’abord à Bingerville puis à Abidjan qui en devint la capitale en 1933.

 

Un comptoir commercial très actif à Grand-Bassam

Juste après ce monument se trouve le Centre de Céramique qui réunit les potiers et céramistes de la ville. Nous n’avons pas pris le temps de le visiter mais il fera évidemment l’objet d’une prochaine visite à Bassam ! Lors de l’époque coloniale, bien avant de devenir un centre artistique dans les années 1980, il abritait les Cercle de l’Union Européenne, haut-lieu de retrouvailles des colons entre eux.

Centre Céramique Bassam

 

Nous poursuivons notre chemin jusqu’à la lagune, à l’endroit qui accueillait autrefois le marché aux poissons ainsi que le marché aux légumes construit en 1934. Sur la droite se trouve le quartier de la communauté N’zima (peuple du groupe des Akans) qui célèbre la Nouvelle Année fin octobre/début novembre lors de la fête de l’Abissa. J’espère pouvoir y assister cette année … Et sur la gauche, une bibliothèque ainsi que le centre culturel Jean-Baptise Mockey, du nom du premier Maire de Grand-Bassam, qui possède, sur la façade latérale, de magnifiques portes en bois sculpté.

La balade se déroule désormais le long de la lagune Ouladine, sur une route bordée de magnifiques manguiers qui furent plantés par Henri-Charles Roberdeau, 4ème gouverneur de Côte d’Ivoire et dernier de Grand-Bassam (1898-1902).

Manguiers Bassam

L’emplacement stratégique de cette artère, au bord de l’eau et proche du wharf, suscita le développement du trafic maritime et l’installation de grandes maisons de commerce, dont la CFAO (Compagnie Française d’Afrique de l’Ouest) qui fut fondée en 1888.

CFAO Bassam

 

Les premiers mouvements en faveur de l’indépendance

Juste à côté se trouve le premier supermarché de Côte d’Ivoire : un vestige particulièrement remarquable pour sa fresque extérieure qui dépeint la Marche des Femmes de 1949. Ces femmes se sont soulevées contre la puissance coloniale pour demander la libération de leurs époux, frères ou fils, militants anti-colonialistes, qui croupissaient en prison sans aucune forme de procès. Elles marchèrent, le 24 décembre 1949, d’Abidjan à Bassam, jusqu’à la prison pour réclamer justice. Nombres d’entre elles furent blessées par les autorités françaises. Même si elles n’obtinrent pas immédiatement gain de cause, elles devinrent des pionnières de la lutte pour l’indépendance du pays.

 

 

Premier supermarché Bassam

Fresque Marche Femmes BassamLa statue située au centre de la place de la Paix célèbre aussi leur courage. Elle représente 3 de ces femmes qui marchaient en tête du regroupement : Anne-Marie Raggi, Marie Sery Koré et Odette Ekra.

Le pont qui relie le quartier France à la ville, qu’on aperçoit depuis le bâtiment CFAO, a été rebaptisé Pont de la Victoire également en leur mémoire. Cet ouvrage métallique de 150 mètre de long et 10 mètres de large est aussi un vestige colonial intéressant. Il a été ouvert en 1928 et reliait donc le quartier France au quartier de Petit Paris, haut-lieu de la prostitution où les colons se rendaient plus souvent, en toute discrétion, en pirogue.

 

 

Marcel Treich-Laplène, fondateur de la Côte d’Ivoire

Juste avant d’atteindre le pont, se trouve un obélisque dédié à Marcel Treich-Laplène, aventurier français qui mena des missions d’exploration à l‘intérieur des terres de Côte d’Ivoire et signa de nombreux traités avec des chefs traditionnels. Il mourut à l’âge de 30 ans, épuisé par la maria et la fièvre, et fut enterré dans l’ancien cimetière des Européens de Bassam. Son corps fut ensuite exhumé et rapatriée en France en 1922. Rarement cité dans les manuels d’histoire, Treich-Laplène est pourtant celui qui a donné à la Côte d’Ivoire ses frontières actuelles et est donc à ce titre, considéré comme le fondateur du pays. Il a donné son nom à la commune de Treichville à Abidjan.

Treich-Laplène Bassam

Alors que nous laissons le pont sur notre droite, notre promenade s’achève avec 3 derniers bâtiments remarquables : la Mairie de Grand-Bassam, la pharmacie qui fut aussi la première limonaderie du pays en 1921 et la Préfecture du département de Sud-Comoé.

Limonaderie Bassam

Nous avons fait une boucle d’1h30 en partant du musée du Costume. Sans problème avec les enfants qui ont super bien marché et ont même adoré se faire prendre en photo devant les vestiges.

 

Découvrez également un autre coin du quartier France : le quartier N’Zima situé autour du Palais Royal de Grand-Bassam.

 

Vous l’avez compris, j’ai vraiment un faible pour Bassam et son histoire. J’adore arpenter ses ruelles à la recherche des merveilles architecturales coloniales. Mais force est de constater que le patrimoine bassamois est en piteux état. Et bien qu’il soit inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, sa réhabilitation semble au point mort. Espérons que ces joyaux ne soient finalement pas condamnés à disparaître …

Homme de dos Bassam

 

INFORMATIONS PRATIQUES :

  • Grand-Bassam se trouve à 43km d’Abidjan vers l’est. Pour s’y rendre en voiture, on peut soit emprunter la nouvelle autoroute à la sortie de Gonzagueville, soit continuer par la route nationale qui longe l’océan et traverse le marché artisanal de Bassam. Personnellement, je préfère cette 2e solution, plus longue mais plus charmante.
  • Avant de vous promener dans le quartier France, je vous recommande de visiter le Musée National du Costume qui a été très bien restauré et possède une belle collection de costumes traditionnels du pays. C’est aussi là que vous pourrez trouver un guide pour vous accompagner dans la vieille ville.
  • En dehors des maisons coloniales et de la plage, il y a bien d’autres choses à voir à Bassam :
    • le centre de céramique,
    • le marché artisanal et notamment le tisserands de kita, les sculpteurs et les bronziers,
    • le vieux phare,
    • la place de la paix et le marché,
    • le palais royal de Grand-Bassam ou encore celui de Mossou.
  • Après le sport, le réconfort. Vous pouvez prolonger votre séjour à Bassam en déjeunant dans l’un des nombreux restaurants/hôtels qui se succèdent sur la route d’Azuretti le long de l’océan : Assoyam Beach, la Madrague, l’Etoile du Sud, le Koral Beach Hotel, la Maison de la Lagune ….

 

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Que faire à Abidjan : 10 activités à faire dans la city ivoirienne

Abidjan, « la perle des lagunes », est la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Elle est située sur le littoral Atlantique, en bordure de la lagune Ebrié. Comme beaucoup de métropoles africaines, elle ne cesse de croître, se développer, se transformer. Elle est aujourd’hui la ville la plus peuplée de l’Afrique de l’ouest francophone, avec plus de 4 millions d’habitants, où se mélangent les ethnies ivoiriennes et des pays voisins (Burkina-Faso, Mali, Ghana, Togo, Bénin…), des communautés du Moyen-Orient (notamment libanaise) et d’Europe. Que vous vous installiez en Côte d’Ivoire ou que vous soyez de passage, vous aurez à cœur de percer les mystères de cette cité cosmopolite en pleine mutation. Je vous propose 10 activités à faire à Abidjan.

1. Se plonger dans l’histoire des peuples de Côte d’Ivoire au Musée des Civilisations

Je n’ai visité ce musée qu’un an après mon arrivée à Abidjan mais pour ceux qui s’installent dans la capitale, je recommande de le visiter au plus tôt car il donne un bon aperçu des principales ethnies ivoiriennes (Gur, Kru, Mande et Akan) et des clés pour comprendre l’histoire du pays. Ce musée a particulièrement souffert pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Il a été réhabilité et a rouvert à l’été 2017, à l’occasion des Jeux de la Francophonie. Ses collections comptent plus de 15000 objets d’art, essentiellement des masques et statuaires mais aussi des poids à peser l’or (les fameux poids Baoulé), des instruments de musiques, des attributs de pouvoir …

Infos pratiques : le musée est ouvert du mardi au vendredi de 9h -18h30 et le samedi de 9h-17h sans interruption. Il est situé dans le quartier du Plateau, à côté de la Cité Administrative. L’entrée coûte 2000 F CFA. Les photos sont interdites à l’intérieur.

Musée Abidjan

2. Admirer l’architecture du quartier du Plateau

Le Plateau est une des communes d’Abidjan Nord, reliée au sud par les ponts Félix Houphouët-Boigny et Général de Gaulle. Quartier des affaires, il est le centre administratif, commercial et financier de la Côte d’Ivoire. Ses rues étroites, bordées de bâtiments coloniaux, lui donnent des airs de Petit Paris alors que ses tours et immeubles modernes, surplombant la lagune, en font davantage un Petit Manhattan. On y trouve le Palais Présidentiel et le Palais de Justice, le stade Houphouët-Boigny, la cathédrale Saint-Paul, les tours de la Cité Administrative, les sièges des principales banques… Une forte densité de constructions, voire prouesses, architecturales, qui se découvrent et s’apprécient en flânant à pied. Car en effet, le Plateau est un quartier où l’on peut marcher. C’est suffisamment rare à Abidjan pour le souligner … et surtout pour en profiter !

Parmi les bâtiments remarquables : la Pyramide (qui est donc une tour pyramidale …), la Tour Postel (tour rose), l’hôtel du District d’Abidjan, l’immeuble-siège de la Banque Africaine de Développement ornée de motifs abstraits africains, l’immeuble SCIAM qui héberge notamment le Ministère de l’Economie et des Finances ou encore l’immeuble CAISTAB hôte du Ministère de l’Agriculture. La plupart de ces gratte-ciels ont été construits dans les années 70 et doivent être réhabilités…

Plateau Abidjan
La Pyramide et la tour Postel

 

3. Visiter la cathédrale Saint-Paul, la plus grande cathédrale d’Afrique

La cathédrale Saint-Paul d’Abidjan est la cathédrale de l’archidiocèse d’Abidjan. Elle a été conçue par l’architecte italien Aldo Spirito, à l’initiative du président Félix Houphouët-Boigny. La première pierre fut bénie par le Pape Jean Paul II le 11 mai 1980. 5 ans plus tard, et à peine 30 mois de travaux, elle est consacrée par ce même Pape, le 10 août 1985.

Cet édifice religieux est très impressionnant, tant pour sa symbolique que pour sa beauté architecturale. Quand on approche du Plateau, via le boulevard lagunaire, on aperçoit au loin son immense croix, haute de 70m, qui semble vouloir toucher le ciel. Sa blancheur tranche avec le reste du paysage. A l’intérieur, 370 m2 de vitraux, qui racontent notamment l’évangélisation de la Côte d’Ivoire, sont absolument splendides.

Infos pratiques : l’entrée se situe au niveau de l’avenue Jean-Paul II. Le parking est un peu plus loin, devant les bureaux de l’ONI. Une fois sur place, demandez si un guide est disponible pour vous commentez la visite.

Cathédrale Saint-Paul Abidjan

 

 

4. Se perdre dans le dédale de rues du marché de Treichville

Marché Treichville Abidjan

Le marché africain est un endroit unique, un lieu de brassage, de rencontres et d’échanges, à la fois haut en couleurs et en odeurs et qui permet de sentir battre le pouls d’une ville. Le marché de Treichville répond bien à tous ces descriptifs. Installé dans une grande halle couverte, proche de la Garde Républicaine, il se distingue par la spécialisation de ces différentes zones. Le rez-de-chaussée est consacré à l’alimentaire. A l’entrée, vous êtes accueilli par des dizaines et des dizaines de poulets enfermés dans des cages. Haut le cœur garanti… Plus loin, des étals de fruits et légumes se succèdent arborant fièrement leur parasol Maggi (un incontournable de la cuisine africaine). Un peu plus loin encore, le coin des bouchers qui finirait par convaincre plus d’un carnivore de devenir végétarien !! Aux étages supérieurs se trouvent les couturiers ainsi que les vendeurs d’artisanat africain. Les échoppes artisanales qui se succèdent en enfilade dans de tous petits couloirs, exposent une multitude d’objets d’art originaux et qu’on ne trouve nulle part ailleurs.  

5. Dénicher statues et masques africains au Centre Artisanal de la Ville d’Abidjan (CAVA)

Une autre adresse incontournable pour acheter statues, masques, petits mobiliers, nappes, tableaux, corbeilles, bronzes et j’en passe ! Et en même temps, un endroit agréable pour découvrir et s’initier à l’art africain.

Malheureusement faute de beaucoup de touristes, ce marché est assez peu fréquenté. Votre arrivée suscite donc toujours beaucoup d’émoi et d’agitation. Vous vous sentirez même particulièrement convoité … Vous serez forcément « le premier client » d’un vendeur qui vous proposera donc « un bon prix ». Dans la réalité, le premier prix est évidemment très élevé et doit être vigoureusement débattu.

Les vendeurs sont néanmoins très sympathiques (surtout si vous faites affaire avec eux) et se chargeront de livrer gratuitement les objets encombrants que vous pourriez acquérir.

Infos pratiques : rue du Canal, non loin de l’espace Abidjan Karting. Ouvert tous les jours de 8h à 19h.

CAVA Abidjan

 

6. Bruncher à l’hôtel Ivoire

Un brunch le dimanche, c’est sacré. C’est pourquoi je suis toujours à l’affût des restaurants qui en proposent. A Abidjan, ce sont plutôt les grands hôtels qui s’y collent. Et le brunch du mythique hôtel Ivoire est, à mon goût, le meilleur de tous (le plus cher aussi). Au programme : un buffet gargantuesque à déguster au bord de la non moins gargantuesque piscine dont vous pourrez profiter à loisir avant, pendant ou après le repas, pour vous remettre d’une telle expérience gastronomique.

Infos pratiques : l’hôtel est situé boulevard Hassan II dans le quartier de Cocody. Le brunch est servi tous les dimanches à partir de 12h par le restaurant La Gourmandise au niveau -1 de la tour. Tarif : 40000 /personne. Gratuit pour les moins de 5 ans.

Plus d’infos dans mon article « Hôtel mythique, brunch mythique au Sofitel Ivoire« .

Hotel Ivoire Abidjan

7. Contempler l’art contemporain africain dans une galerie

Pour beaucoup, l’art africain se résume aux objets traditionnels et ethniques – masques, statues, portes, échelles – que l’on trouve sur les marchés. Pourtant l’art africain, c’est évidemment bien plus que cela ! Mais sur le continent, les musées d’art moderne sont rares. Au Bénin, j’ai eu la chance de visiter le musée Zinsou qui est le seul et unique musée d’art contemporain d’Afrique. A Abidjan, ce sont les fondations et les galeries qui donnent à voir les artistes les plus créatifs et talentueux. Parmi les plus renommées : la Fondation Donwahi, la galerie Cécile Fakhoury ou encore la galerie LouiSimone Guirandou. Des vernissages sont organisés régulièrement. Il suffit de consulter leur site ou page Facebook pour connaître leur programmation.

Galeries Abidjan
Oeuvres de Hako Hankson et du sculpteur Jems Koko Bi

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8. Découvrir la cuisine ivoirienne dans un maquis

Le maquis est une véritable institution en Afrique francophone. Il s’agit d’un restaurant mais qui, un peu comme le marché, est aussi un lieu de rencontre et de rassemblement. A Abidjan, c’est le meilleur endroit pour découvrir la cuisine locale : poulet braisé, brochette de mérou, attiéké, alloco … Je recommande particulièrement le fameux Chez Ambroise, le maquis où vous avez les pieds dans le sable, le Débarcadère près du port lagunaire à Treichville (très kids-friendly), l’ïle Flottante, cette île artificielle qui repose sur 700 000 bouteilles d’eau en plastique ou encore chez Jay’s rue Paul Langevin en zone 4. Bon appétit ! 

Débarcadère Abidjan
Le Débarcadère, un maquis très kids-friendly
Ile Flottante Abidjan
L’île Flottante au large de Biétry

 

9. Se relaxer sur l’île Boulay

A une vingtaine de minutes de bateau de la zone 3 d’Abidjan se niche un petit coin de paradis à l’abri du tumulte de la capitale : l’île Boulay. Si la navigation à travers le port autonome d’Abidjan s’avère parfois un peu houleuse, tout est oublié une fois arrivé à destination. Dans ce lieu de villégiature, très prisé des Abidjanais, la lagune est particulièrement calme et propice à la pratique des sports nautiques, notamment le ski nautique. De nombreux réceptifs, tels que Chez Rodrigue, Chez Romano, Maria Resort ou Coconut Grove, vous accueillent pour la journée ou même le temps d’un week-end. Dépaysement et « zénitude » garantis !

Infos pratiques : selon votre destination, les bateaux se prennent boulevard de Marseille côté Biétry, espace BIMA ou à l’ASNA. Chaque hôtel ou restaurant affrète des navettes. Il suffit de les contacter au préalable pour connaître les horaires de traversée.  

Coconut Grove Ile BOulay
Coconut Grove Lodge
Chez Rodrigue Ile Boulay
Chez Rodrigue

 

10. Se promener dans la forêt du Banco

Ce parc national est situé en plein cœur d’Abidjan. Il s’étend sur près de 3500 ha, entre les communes d’Adjamé, d’Attécoubé, d’Abobo et de Yopougon. A la fois poumon vert et réserve hydraulique de la ville, cette forêt primaire est désormais une aire protégée mais qui a beaucoup souffert de la déforestation à cause notamment de la pression urbaine. A l’intérieur, un réseau de 80km de pistes permet de se ressourcer et découvrir les centaines d’espèces de plantes originaires des régions tropicales. Différents parcours sont proposés.

Infos pratiques : le principal défi est de trouver l’entrée du site (évidemment pas indiquée). Elle se trouve sur l’autoroute du Nord, juste après le premier pont de Yopougon et juste avant la station d’essence Shell. Il ne s’agit pas d’une sortie d’autoroute classique mais bien d’une entrée au bord de la route qui mène directement au parc. Soyez prudent et serrez bien à droite avant de freiner. Une fois sur place, vous pouvez solliciter les services d’un guide de l’OIPR.

Forêt Banco Abidjan

Forêt Banco Abidjan

 

11. BONUS : passer une journée au Domaine de Bini Lagune 

Le Domaine Bini Lagune est un nouveau site éco-touristique situé à Abidjan, dans le quartier de Riviera Palmeraie, juste avant Bingerville. Il a été créé par Jean-Marc Bini, également heureux propriétaire du célèbre Domaine Bini Forêt sur la route de Yamoussoukro (à une petite heure d’Abidjan).

Il s’étend en bord de lagune Aghien, une lagune hyper propre où il est possible de se baigner. Une journée dans ce domaine, c’est le dépaysement garanti sans même quitter la ville : randonnée dans la brousse, balade en pirogue dans la mangrove, déjeuner traditionnel ivoirien et baignade.

Plus d’informations dans mon article dédié à ce petit coin de paradis aux airs du bout du monde : « Escapade au Domaine Bini Lagune« .

Domaine Bini Abidjan

Alors, que pensez-vous de cette sélection ? Si vous avez d’autres idées d’activités, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaires !!

Et si vous avez aimé cet article, vous pouvez maintenant le partager sur Pinterest. Merci 🙂

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Lahou-Plage, les derniers jours de la « cité aux 3 eaux »

Pirogue plage Lahou-Plage

Située à 120 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, Grand-Lahou est une petite bourgade sympathique qui s’étire paisiblement entre mer et lagune, ville-étape pour tous les randonneurs et amoureux de la nature qui veulent arpenter les 20 000 ha du parc national d’Azagny. Au premier regard, rien de particulièrement séduisant à cet endroit si ce n’est le calme et la sérénité qui tranche (et fait du bien !) avec la frénésie abidjanaise. Mais Grand-Lahou cache bien son jeu car derrière la ville nouvelle sans charme se dissimule un petit joyau en péril : l’ancienne cité coloniale, désormais connue sous le nom de Lahou-Plage.

 Pirogues plage Lahou-Plage

La cité aux 3 eaux

Grand-Lahou est un ancien comptoir colonial qui a vu le jour au début du 20ème siècle et fut la première capitale économique de la Côte d’Ivoire. Il est peuplé par l’ethnie des Avikams qui appartient au groupe des Akans.

Il a été construit sur une bande de terre située entre l’océan Atlantique et la lagune Tiagba et à l’embouchure du fleuve Bandama. D’où son surnom de « Cité des 3 eaux ».

Balade en pirogue Lahou-Plage

Le village de Braffedon est le point de départ des balades lagunaires qui permettent de rejoindre, en pirogue, le point de rencontre de ces 3 eaux. Mais aussi de naviguer parmi les nombreuses îles qui parsèment la lagune, contempler des forêts de mangrove, admirer les pêcheurs et leur impressionnante technique de « pêche à l’épervier » ou encore passer quelques heures sur la plage au bord de l’océan.

Pêcheurs Bandama

Un village en sursis ravagé par les flots

La bande de terre sur laquelle Grand-Lahou s’est développé s’étendait sur 2 kilomètres il y a un siècle et seulement 200 mètres en 2014. La mer avance de 2 mètres chaque année.

Petit à petit, l’ancienne cité, qu’on appelle maintenant Lahou-Kpanda ou Lahou-Plage, est grignotée par l’érosion marine et menacée par la montée des eaux. Le fleuve Bandama, qui jadis repoussait les assauts de l’océan, ne joue plus son rôle, faute de débit, depuis la construction du barrage de Kossou en amont. D’autres phénomènes liés à la destruction de la mangrove et au réchauffement climatique accélèrent aussi le phénomène.

Pour anticiper un désastre prévisible, la plupart des habitants ont abandonné le village dans les années 70. Bâtiments administratifs, hôpitaux, écoles et habitations ont été reconstruits plus loin, à 18 kilomètres à l’intérieur des terres pour former ce qui est aujourd’hui la ville nouvelle de Grand-Lahou.

La prospère cité coloniale n’est donc plus que l’ombre d’elle-même. Telle la cité perdue de l’Atlantide, les somptueuses demeures, bâtiments et églises ont été engloutis par l’océan. Seuls quelques pans de murs continuent de lutter encore contre les vagues mais finiront inexorablement par disparaître.

Rue village Lahou-Plage

Rue village Lahou-Plage

Lahou-Plage a été cité en exemple des lieux victimes du réchauffement climatique lors de la COP21 de Paris en décembre 2015. Il est désormais site pilote dans le cadre du programme Waca de la Banque mondiale, un programme de gestion de littoral ouest-africain. Mais il semblerait qu’à ce jour, aucune action concrète n’ait été prise.

Alors, si la disparition de Lahou-Plage est inéluctable, les villageois résistent, reconstruisent leurs maisons au rythme des ensevelissements, s’accrochent à la terre de leurs ancêtres … et font de leur village un endroit particulièrement attachant.

 

Un village cosmopolite de pêcheurs…

Lahou-Plage est un village de pêcheurs de 6000 âmes où il fait bon vivre. Les maisons sont construites en bambou et feuilles de palmiers afin d’être déplacées facilement. 5 églises, 1 mosquée, plusieurs écoles et des terrains de foot à tous les coins de rue s’ajoutent aux 7000 habitations encore sur pied.

Village Lahou-Plage

L’artère principale traverse les 16 quartiers du village. En guise de pavés, des coquillages jonchent harmonieusement le sol.

Rue Coquillages

Le village est peuplé d’ivoiriens mais aussi de togolais, ghanéens et béninois, attirés par la richesse des eaux poissonneuses ivoiriennes.

… et de footballeurs 

Particularité des embarcations de Lahou-Plage : elles ne sont pas juste colorées, comme toutes les pirogues qui sillonnent le Golfe de Guinée, elles sont décorées aux couleurs des plus grands clubs de football ! Chaque équipage a son club de prédilection et quand la pêche est bonne, les pêcheurs enfilent le t-shirt de leur équipe préféré avant de rentrer au port.

Pirogue PSM 23 Lahou-Plage

Pirogue Etoile Lahou-Plage

Pirogue CBF Lahou-Plage

Pendant la saison des pluies, les hommes mettent leur activité entre parenthèse (jusqu’en août) et en profitent pour réparer leurs pirogues et filets, en construire de nouvelles et les décorer. Et bien sûr jouer au foot ! Lors de notre visite au mois de mai, les bateaux étaient donc à terre et nous avons pu admirer leurs couleurs chatoyantes et leurs étendards footballistiques.

Réparation pirogue

Les femmes, quant à elle, s’occupent de fumer le poisson qui se garde ainsi 3 à 4 mois. Il est consommé sur place ou vendu, de l’autre côte de la lagune, au nouveau point de débarquement financé par le Maroc.

Fumerie poisson

Enfin, les enfants courent, sautent dans les vagues, observent les visiteurs avec curiosité, posent avec grand plaisir sur les photos des touristes et évidemment jouent au foot. Impossible d’échapper au sport-roi à Lahou-Plage.

Petit garçon Lahou-Plage

Le mythique Grand-Lahou n’existe plus certes. Mais celui qui l’a remplacé, loin d’être un village fantôme, est joyeux, vivant. Et ses habitants – futurs réfugiés climatiques – continuent de vivre, envers et contre, sur ce petit banc de sable qui se réduit chaque jour davantage à peau de chagrin.

Les jours de Lahou-Plage sont comptés. Alors n’attendez pas pour aller le visiter et aller à la rencontre de ses résiliants habitants.

 

Si vous voulez en savoir plus sur les menaces qui pèsent sur le littoral ouest africain, je vous invite à lire cet article du blog Africa Can.

 

INFORMATIONS PRATIQUES 

  • Accès Grand-Lahou : par la route côtière à 2h d’Abidjan (direction Jacqueville/Dabou). Malgré de nombreux trous, voire cratères, la route est en bon état. Une gare routière se trouve à l’entrée de la ville. Il est donc aussi possible de s’y rendre en bus depuis Abidjan.
  • Accès Lahou-Plage : suivre l’artère principale vers l’ouest jusqu’à l’embarcadère du village de Braffedon puis trouver un piroguier pour se rendre au village, de l’autre côté de la rive. Si vous cherchez un guide, demandez Nicolas, il est excellent !

 



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Akwaba ! Bonne arrivée en Côte d’Ivoire !

Chaises Wax africain

Akwaba signifie « bienvenue » ou plutôt « bonne arrivée » en langue Akan (peuple de Côte d’Ivoire). Il symbolise l’hospitalité légendaire des ivoiriens. Un mot incontournable que j’ai découvert dès mon arrivée à Abidjan.

Il y a un peu plus d’un an, je débarquais pour la première fois dans cette grande métropole avec mon mari et mes deux enfants. La boule au ventre, ne sachant pas trop à quelle sauce j’allais être mangée. Ne connaissant rien à l’Afrique en général et à la Côte d’Ivoire en particulier. Juste avec mon Petit Futé sous le bras (seul guide de voyage disponible pour cette destination) et quelques conseils généreusement distillés par mon amie Zineb, installée un an plus tôt à Abidjan.

Ce que j’avais le plus souvent entendu avant de partir,  c’était : « Enfin, tu verras, c’est l’Afrique ». Je reviendrai un jour sur le charme mystérieux de cette phrase qui veut à la fois tout et rien dire. Mais qui, au mois d’août dernier, me donnait surtout des palpitations.

Certes, j’étais totalement excitée à l’idée d’entamer ce nouveau chapitre de ma vie. Et en même temps (cette expression est-elle toujours libre de droit ?), je n’en menais pas large. Et je me demandais bien ce qui m’avait pris de dire à mon mari « Vivre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, mais je signe tout de suite ! ».

Voilà à peu près où j’en étais quand je suis sortie de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny après avoir attendu mes valises pendant près de 3 heures. Soudain, j’entendis pour la première fois les 2 mots magiques : «Bonne arrivée » ou « Akwaba » selon l’humeur.

A ce moment précis, c’était la chose la plus gentille qu’on ne m’avait jamais dite. Tout à coup, mes angoisses se dissipèrent. J’avais l’impression qu’on m’attendait vraiment et qu’on me disait tout simplement : vous êtes arrivée chez vous, ça va aller (expression chère aux ivoiriens !).

Souhaiter une « bonne arrivée », ce n’est pas juste dire « bienvenue ». C’est bien plus que cela. Cela signifie «J’espère que vous avez fait bon voyage et que vous vous sentirez bien ici ». Deux mots qui soulignent l’hospitalité légendaire des ivoiriens, chantée dans leur hymne national dès le premier couplet : « Salut Ô terre d’espérance!
 Pays de l’hospitalité. » et  symbolisée par la monumentale statue Akwaba, réalisée en 1989 par Koffi Donkor, qui se dresse fièrement au milieu du carrefour à la sortie de l’aéroport.

Statue Akwaba Abidjan

Deux mots qui font désormais partie de mon quotidien et que je me surprends même à prononcer quand quelqu’un arrive chez moi.

Deux mots que vous ne manquerez pas d’entendre si vous vous rendez à Abidjan !



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