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Comment je suis devenue une Fourmi Verte de Babi …

Ceci est un article assez personnel dans lequel il ne sera, pour une fois, pas question de voyage. Enfin si, un peu quand même, d’une sorte de voyage intérieur que j’ai entrepris il y a longtemps sans m’en rendre vraiment compte et qui m’amène aujourd’hui à être une écolo un peu plus consciente et engagée. Il était temps …

Je vais donc vous parler d’environnement, de planète, de bio, de recyclage mais aussi de déchets plastiques, de pollution, de déforestation et enfin surtout de petits gestes, de rencontres, d’idées, de travail en équipe et d’actions collectives.

Autrement dit, je vais vous expliquer comment et pourquoi je suis devenue une Fourmi Verte de Babi et surtout faire la promotion de cette géniale association ☺

Pour commencer, petit retour en arrière dans ma vie d’avant Abidjan. A cette époque pas si lointaine (environ 2 ans), je ne dirais pas que je me fichais totalement de l’environnement mais presque.

Comme presque tout le monde en France, ma petite conscience écolo m’amenait à :

  • trier consciencieusement mes déchets (même si à Marseille, cela relevait vraiment du parcours du combattant de trouver des poubelles de tri),
  • donner ou vendre les objets que je n’utilisais plus,
  • acheter de temps en temps en seconde main (merci eBay, mon cher ancien employeur, qui m’a ouvert à ce « mode de consommation »),
  • acheter de temps en temps dans l’épicerie vrac du quartier,
  • manger local et de saison.

J’avais aussi acheté le livre « Famille Zéro Déchet » pour essayer de produire moins de déchets. Je l’avais feuilleté quelques minutes avant de le ranger dans la bibliothèque en me disant que tout cela avait l’air bien compliqué à mettre en œuvre …

Famille_zero_dechet

Bref, pas de quoi casser 3 pattes à un canard. J’avais la flemme de changer mes habitudes de consommation et la trouille à l’idée de consommer moins.

Et puis en septembre 2017, je me suis installée à Abidjan. Ma prise de conscience ne s’est pas opérée tout de suite. Quoi que. La première fois que j’ai traversé la lagune en bateau pour me rendre sur l’île Boulay, j’ai flippé.

Quand vous vivez dans une grande métropole africaine, difficile de fermer les yeux et de rester les bras croisés sans rien faire. Les déchets sont partout, devant votre maison, dans la rue, dans les caniveaux, dans la lagune, sur la plage, dans l’océan. Ils ne sont pas collectés et encore moins recyclés (ou très peu). Je reconnais, c’est un peu l’envers du décor, ce que je ne vous montre pas sur mon compte Instagram …

Déchets Abidjan

Source : page Facebook de OJSP ONG

 

Alors, il n’est plus possible de se cacher derrière les jolies poubelles de tri jaunes, vertes et bleues pour se dédouaner d’avoir produit 20kg de déchets en une semaine. « Bah c’est pas grave, tout cela va être recyclé et réutilisé … » ne fonctionne plus.

A Abidjan, au mieux vos déchets vont se retrouver dans la décharge d’Akouédo. Au pire, ils vont aller nourrir les poissons de la lagune Ebrié puis de l’océan Atlantique.

Petit à petit je me suis dis qu’il fallait que je commence réellement à produire moins de déchets, trouver des filières de recyclage (parce qu’évidemment, pas de tri à Abidjan), pourquoi pas m’investir dans une association en faveur de l’environnement.

Finalement, la magie de l’expatriation a opéré. J’ai fait de belles rencontres qui en ont entrainé d’autres et un beau jour, une amie m’a proposé de me joindre à un déjeuner pour parler environnement. Alors que je pensais participer à une réunion sur le recyclage des bouteilles plastiques, je me suis retrouvée embarquée dans une toute autre aventure !

En l’espace de deux heures, 4 filles qui se connaissaient à peine, ont décidé de créer une association qui allait devenir « Les Fourmis Vertes de Babi » et de mettre en place des ateliers Zéro Déchet. Très vite rejointes par deux autres super professionnelles du ZD. Notre projet a démarré rapidement et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous avions déjà 200 abonnés sur notre groupe Facebook. Ce n’est qu’un début mais c’est encourageant et très enthousiasmant d’échanger avec autant de personnes soucieuses de moins consommer, mieux consommer et de s’engager pour la planète.

A titre personnel, les Fourmis Vertes de Babi m’ont dors et déjà transformée. Désormais, je fabrique ma lessive, mon adoucissant, mon liquide vaisselle et mes tawashi. J’ai banni le film plastique, les pailles en plastique, les gels douches, les cotons tiges et les cotons à démaquiller jetables. J’ai acheté des brosses à dent en bambou pour toute la famille et des lingettes démaquillantes en tissus lavable. J’achète des savons et de l’huile de coco produits localement. J’ai troqué mes vieux Tupperware contre des contenants en verre (je ne les ai pas jetés pour autant mais ils ne servent plus pour l’alimentaire). Et je garde désormais tous mes bocaux vides (j’ai une super collection qui fait halluciner mon mari). J’emballe mes cadeaux avec du pagne selon la méthode japonaise du « furoshiki ». J’essaye, autant que possible, de remplacer les gâteaux industriels par des gâteaux fait maison et de manger moins de viande. Je réfléchis à deux voire trois fois avant d’acheter quelque chose (est-ce vraiment vraiment utile ?). Et je fuis le plastique, surtout celui à usage unique. Bientôt, je vais acheter un filtre à eau afin de me débarrasser de mes bidons d’eau filtrée…

Ateliers ZD

Parfois, je l’avoue, mon cher et tendre me prend un peu pour une cinglée mais j’assume !!! J’assume aussi d’être totalement imparfaite dans ma démarche. Je circule en voiture à Abidjan (ceci dit, je n’ai pas d’autres alternatives ici), j’utilise la clim’ à la maison (il fait si chaud ici …), j’achète des produits bio importés, je prend l’avion plusieurs fois par an et j’en passe …

Donc loin de moi l’idée de tirer une quelconque fierté de tout ce que je fais. Bien au contraire. J’avais juste envie de raconter mon début de métamorphose …

Ma motivation dans tout cela : mes enfants bien sûr. Ils sont dès leur plus jeune âge confrontés à cette nécessité de changer radicalement de mode de vie. Je me dois de les préparer progressivement à ce changement et de leur transmettre un autre modèle.

De plus, je vis dans un pays en développement vulnérable aux conséquences du réchauffement climatique. Alors que les pays riches sont responsables de 90% des émissions de gaz à effet de serre (voire plus ?), ce sont les pays les plus pauvres qui vont en subir les conséquences. Regardez ce qu’il s’est passé récemment au Mozambique suite au passage du cyclone Idai… Alors je ne compte pas changer le monde avec mes petites pattes de fourmis mais je peux bien faire un effort pour réduire mon empreinte écologique dans mon pays d’accueil. Et si en plus, je peux inspirer et convertir d’autres personnes, c’est encore mieux.

Concernant la Côte d’Ivoire, pour ne citer que 3 fléaux, ce pays est particulièrement touchée par l’érosion de son littoral qui met en péril les populations côtières (cf mon article sur Grand-Lahou ici), la déforestation et le recul de la biodiversité. Et bien sûr la pollution en tout genre.

Les Fourmis Vertes de Babi ne vont pas régler tous ces problèmes, loin de là. Et fort heureusement, bien d’autres associations et institutions sont impliquées sur ces différents sujets. Notre impact est même encore très très limité. Notre objectif est de « créer une communauté éco-responsable d’hommes et femmes soucieux de produire moins de déchets ». Avec nos ateliers Zéro Déchet, nous invitons cette communauté à changer ses habitudes de consommation. Certes, il ne s’agit que de « petits gestes » du quotidien mais pour moi, ces gestes sont essentiels.

Si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quoique ce soit, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre.

Ce n’est pas de moi mais de Betty Reese ?!!

Et si en plus ce moustique est ivoirien, imaginez un peu ce que ça peut donner …

Notre projet se construit et se développe pas à pas, au fil de nos « réunions du lundi ». Parfois ça part dans tous les sens, ça s’emballe, ça s’enflamme. Et même si, en tant que « chef de projet » et « maître du temps », je suis souvent l’empêcheuse de tourner en rond qui recentre les discussions, je trouve ça génial. Car les Fourmis, c’est avant tout une aventure humaine comme dirait l’autre …

Cette aventure est d’autant plus passionnante qu’elle est universelle. Dans l’absolu, elle transcende les genres, les ethnies, les nationalités, les couleurs de peau. Elle nous mobilise en tant que « terriens » et non pas en tant qu’ «expatrié » ou « local ». Même si à ce stade, elle n’est pas totalement inclusive, j’espère qu’elle le deviendra.

Mes cinq autres comparses, à l’origine de ce projet, fourmillent d’idées. De la vente de produits en vrac aux projets sociaux pour fabriquer des objets durables en passant par les opérations de sensibilisation, on ne s’ennuie pas. On ne se sait pas toujours trop où on va mais on y va.

Je n’aurais jamais été capable de me lancer seule alors je profite aussi de cette petite tribune pour remercier ces super fourmis que sont Zineb, Barbara, Clémence, Noreen et Angela.

Mais ne vous fiez pas aux apparences, notre groupe n’est pas réservé aux femmes. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues 😉

Merci également à l’Afrique qui m’a ouvert les yeux et a bouleversé ma vie.

(Imaginez le jour où je vais gagner une vraie récompense, je vais me surpasser pour les remerciements, les Oscar à côté, ça sera de la rigolade !!!).

Bon allez, je crois qu’il est temps que je trouve une conclusion à cet article. Et en toute modestie, je vais laisser le soin à Victor Hugo de la faire :

« Rien ne résiste à un acharnement de fourmi », Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer.

 

Si les Fourmis Vertes de Babi vous intéressent et si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez :

 

A bientôt !

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Une île flottante « made in Abidjan » conçue avec des bouteilles plastiques

Dans cet article, je ne vais pas vous parler de cuisine, et encore moins de pâtisserie, mais de l’Île Flottante, une île artificielle qui, depuis peu, a pris ses quartiers sur la lagune Ebrié, entre les quartiers de Biétry, Port-Bouët et Vridi, à Abidjan.

La particularité de cette île qui vous accueille pour déjeuner, dîner, faire la fête et même passer la nuit : elle repose sur environ 700000 bouteilles en plastique qui lui permettent de flotter et même de se déplacer !! Un projet écologique un peu fou porté par un ingénieux français que rien ne semble arrêter…

 

Accueil Ile Flottante Abidjan

Une île flottante écologique surgie des flots 

L’Île Flottante a fait son apparition dans le paysage abidjanais l’été dernier, quand des photos aériennes, prises par drone, ont révélé son existence. Une découverte pour le moins étonnante qui a enflammé la toile, attiré l’attention des médias et titillé ma curiosité. Jusqu’alors, je n’avais pas eu l’occasion de m’y rendre. Mais le mal est réparé puisque je viens d’y passer une après-midi et eu la chance d’échanger longuement avec son concepteur.

Vue Ile Flottante Abidjan

Cet expert en informatique aura mis près de 6 ans à concrétiser son rêve. Six années pendant lesquelles il a patiemment collecté des bouteilles plastiques partout dans Abidjan, en particulier dans la lagune et en bord de mer, et réalisé de nombreux prototypes avant de réussir à faire flotter son île.

Pont Ile Flottante Abidjan

Celle-ci est équipée en panneaux solaires (mais si elle n’est pas encore autonome à 100%) et possède une dizaine d’espèces végétales.

Piscine Ile Flottante Abidjan

Comment ça marche ?

La recette est tenue secrète (propriété intellectuelle oblige) mais j’ai toutefois appris que :

  • les bouteilles utilisées sont vides et reposent sur l’eau,
  • elles sont « emprisonnées » dans des palettes fixées les unes aux autres pour former la structure de l’île,
  • elles sont couvertes d’une structure en bois et de ciment allégé.

Bouteilles Ile Flottante Abidjan Bouteilles Ile Flottante Abidjan

Evidemment, le volume de bouteilles varie selon le poids à supporter. La zone qui porte les batteries des panneaux solaires (soit une tonne) requiert plus de flottaison que celle qui soutient le bar.

Une véritable démarche de « upcycling » (même si comme M. Jourdain, le créateur de l’île faisait du upcycling sans le savoir !!) qui a permis de donner une seconde vie à des milliers de bouteilles plastiques et éviter qu’elles aillent polluer l’océan pendant des centaines d’années.

Faut-il rappeler, en effet, qu’une bouteille plastique met de 100 à 1000 ans pour se décomposer dans la nature et que la ville d’Abidjan en est littéralement jonchée…

 

Un site écologique et touristique

Au delà du projet écologique, l’île est aussi un site touristique qui peut accueillir jusqu’à 50 personnes assises et 100 debout en mode cocktail !

D’une superficie d’environ 1000 m2, elle est ceinturée par un pont circulaire, de 260 mètres de circonférence, qui permet aux bateaux d’accoster  (ceux de l’équipe de l’Île Flottante ou de n’importe quel particulier). Accessoirement, le pont permet aussi de retenir les éventuels objets qui tomberaient à l’eau !

Pont circulaire Ile Flottante Abidjan

Une fois sur place, vous pouvez prendre un verre ou vous restaurer au « Zanzibar » avant d’aller faire un petit plongeon dans la piscine. Et si vous voulez vivre l’expérience de dormir sur la lagune, vous pouvez louer l’un des deux bungalows. L’un d’eux dispose même d’une petite piscine privée qui, posée sur l’eau, donne l’impression de se baigner dans la lagune (sans risque de se voir pousser un 3e bras … les Abidjanais comprendront!).

Bar Ile Flottante Abidjan Bungalow Ile Flottante Abidjan

Il est également possible d’y organiser des événements privés (after-work, déjeuner d’équipe, anniversaires…).

 

Le concepteur de l’Île Flottante fourmille d’idées pour faire évoluer son île. Je suis convaincue qu’il nous réserve encore bien des surprises. En attendant, il a d’ors et déjà réalisé une véritable prouesse technique et ouvre, je l’espère, la voie à d’autres projets fondés sur le recyclage du plastique usagé.

 

 

INFORMATIONS PRATIQUES

  • Avant de vous rendre sur l’île, il est impératif de réserver en contactant par Whatsapp (appel ou message) le +225 49121073.
  • Départ depuis le débarcadère de Biétry, comme si vous alliez Chez Rodrigue à l’île Boulay (débarcadère Rosa Beach sur Waze). C’est en zone 4, sur le boulevard de Marseille, juste après le Wafou à droite puis au bout de la piste (ou à gauche avant le Wafou si vous arrivez du VGE).
  • L’île flottante propose une formule à 15000F incluant le transport, le déjeuner, une boisson et de l’eau. 10000F pour les enfants. 5000F si vous prenez juste un verre en journée.
  • La nuit dans un bungalow coûte 50000F.
  • Plus d’informations sur la page Facebook, notamment les superbes photos de l’île prise par drone et des news sur les événements et offres spéciales !

 

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Ile Flottante Pinterest

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